Bonjour,
Il y a un truc que je ne comprends pas, dans le théorème de Bell et la non-localité quantique.
Imaginons que l'on puisse déterminer, en observant une partie A d'un système quantique AB en intrication EPR, A et B comportant un nombre quelconque de particules, si une décohérence consécutive à une mesure ou à une interaction a brisé l'intrication quantique.
En éloignant la partie B de façon arbitraire de la partie A, un opérateur situé à l'emplacement de B pourrait transmettre instantanément un message à A, en violant les lois de la relativité.
En effet, il suffirait de préparer mille systèmes identiques. L'opérateur B pourrait choisir de réaliser une mesure sur la partie B de certains d'entre eux, et de renvoyer les autres dans l'infini de l'espace, de sorte qu'ils ne subissent aucune interaction pendant quelques années au moins.
A pourrait alors instantanément savoir sur lesquels de ces mille systèmes quantiques B a fait ses mesure, en regardant s'ils ont subi une décohérence ou non. La liste des systèmes décohérés et des systèmes en cohérence constituerait un message binaire transmis de B vers A de façon instantanée.
Cela étant en contradiction avec les lois de la physique, car rien ne peut dépasser la vitesse de la lumière, notre hypothèse de départ est fausse.
Il est impossible de déterminer si un système en intrication EPR a subi ou non une décohérence en n'observant qu'une partie de celui-ci.
Il est nécessaire de réaliser des mesures sur toutes les parties participant à l'intrication EPR, sans exception.
Or pour comparer ces mesures, il faut les réunir. Cela se fait de façon locale, à une vitesse inférieure à celle de la lumière. Pendant ce temps-là, impossible de déterminer où se brise la chaîne infinie de Von Neuman d'observateurs.
On peut très bien dire que chaque mesure a été réalisée, et que l'on transporte le résultat unique vers les autres pour comparaison et analyse, mais on peut tout aussi bien dire que l'observateur s'est superposé en plusieurs états quantiques en corrélation avec le système EPR, et que la réduction du paquet d'ondes a lieu plus tard, quand toutes les mesures sont réunies.
En effet, bien que l'observateur soit un système macroscopique, donc soumis à une décohérence permanente, nous considérons ici sa superposition en intrication avec un système EPR. Et comme nous venons de le voir, aucune expérience imaginable ne peut nous permettre de savoir si cet observateur, pris isolément, a subi une décohérence suite à son observation du résultat de meusure, avant d'avoir réuni tous les résultats concernés par l'intrication.
Nous sommes limités par un délai, comme dans l'expérience de la souris de Schrödinger de Serge Haroche, où l'atome de Rydberg servant à sonder les cavités EPR pour mesurer leur vitesse de décohérence doit les traverser toutes deux, sans pouvoir le faire à une vitesse supérieure à c, avant que le résultat, cohérence ou décohérence, ne soit lisible.
De la même façon, si nous voulons savoir si l'observateur d'une expérience EPR est un objet quantique (superposé), ou classique, (dans un "état propre"), nous devons d'abord réunir tous les résultats de mesure. L'information sur l'état de l'observateur ne prend de sens qu'une fois qu'un signal peut être transmis entre toutes les parties du système EPR.
Par conséquent, nous voyons que la décohérence d'un système EPR, et le résultat de mesure consécutif à celle-ci, peut se produire ou bien instantanément, ou bien à une vitesse relativiste non instantanée, cela ne changera en rien ce que nous pouvons observer de ce système pendant le temps intermédiaire entre les mesures et leur comparaison. La distinction entre les deux cas n'est donc pas du domaine scientifique, testable, durant ce délai. C'est une simple question d'interprétation.
Ce constat a des implications énormes.
Nous disons en substance que lorsque dans une expérience EPR il y a une mesure faite en A et une mesure faite en B, dire que la mesure s'achève dans deux régions d'espace-temps séparées par un "intervalle du genre espace" (1) ou dire que l'ensemble des mesures s'achève au moment où les résultats sont réunis, donc où les cônes de lumière (2) issus de A et de B se rejoignent, relève d'une distinction non scientifique, car n'ayant aucun effet observable de quelque façon que ce soit.
Ce que nous disons ainsi, c'est que dire que ce qui est fait en A n'a aucune influence sur le résultat de la mesure effectuée en B, et inversement, n'est pas une affirmation scientifique !
Tout simplement parce que dire que la mesure est contenue dans la région d'espace-temps B n'a pas de sens physique.
On peut interpréter l'expérience en disant que cette mesure n'est pas contenue dans B, mais se prolonge jusqu'à ce que l'emplacement de B entre dans le cône de lumière issu de A, et inversement. Dès lors, dire que les deux mesures sont indépendantes n'a pas de sens physique.
Notons que cette conclusion n'est valable QUE si on cherche à mesurer si la vitesse de décohérence du système dépasse c, ce qui correspond aux conditions très spécifiques d'une expérience EPR, pour laquelle deux mesures sur un même système ont lieu dans deux régions d'espace-temps séparées.
Dans le cas d'une mesure quantique ordinaire, dès lors que nous avons accès à toutes les informations que nous voulons, nous pouvons dire si le système est dans un état quantique ou non. Cela a un sens.
Seul le cas EPR est à part, et il ne l'est que dans l'intervalle de temps qui précède l'interpénétration des cônes de lumière. Ensuite, on a toutes les informations que l'on veut sur le système, et on peut très bien distinguer un comportement quantique d'un comportement classique.
La notion d'indépendance des mesures ne pouvant plus être affirmée, la condition EPR de séparabilité n'est plus établie.
Conséquences :
Le raisonnement d'Einstein, Podolsky et Rosen se basant sur cette condition, ils ne peuvent plus en déduire l'incomplétude de la mécanique quantique.
Les théorèmes de Bell se basant sur cette condition, les inégalités qui en découlent ne sont plus établies dans les interprétations à variables cachées locales !
Eh oui, car le théorème de Bell généralisé, qui part de l'hypothèse de variables cachées locales, utilise explicitement l'indépendance du résultat de mesure obtenu en A par rapport au variables cachées correspondant à l'environnement de B, et inversement, pour établir l'inégalité par le calcul[1].
Donc la notion de non-localité n'est plus indispensable en mécanique quantique. L'expérience d'Aspect ne réfute pas la localité.
Donc la notion de hasard quantique perd son caractère fondamental, et peut être attribuée à un chaos déterministe caractérisant l'assemblage de la totalité des fonctions d'onde des particules qui constitue l'appareil de mesure.
Enfin, il n'est plus nécessaire de considérer le vecteur d'onde comme un concept abstrait, car il ne viole plus la relativité.
(1) de sorte que rien n'ait le temps de se propager d'une opération à l'autre sans dépasser la vitesse de la lumière
(2) zones où une influence peut se propager sans dépasser la vitesse de la lumière
[1]J.S.Bell. Introduction to the hidden-variable question, Societa Italiana di Fisica, Rendiconti della scuola internazionale di fisica "Enrico Fermi", Il corso fondamenti di mecanica quantistica, Academic Press, New York and London (1972).
-----