Cette question a souleve une remarque il y a quelque jours, mais je n'ai pas vraiment essaye d'y repondre. Les symetries dites de jauge sont-elles de veritables symetries, ou alors ne sont-elles qu'une technique, certes tres elegante, pour travailler avec des systemes sous contraintes ? J'ai vu a plusieurs reprises certains auteurs qui disaient que la question est simplement indecidable, et donc plutot une affaire de gout.
Le coeur du probleme est la difference entre transformation active et transformation passive. Prenons le cas des symetries spatio-temporelles (conservation du tenseur energie-impulsion) dont personne ne doute qu'elles sont "reelles" (pour autant que l'on sache proceder a l'attribution de ce terme !, cf par exemple l'article original EPR). Par exemple pour les translations, je peux effectuer une deplacement lineaire uniforme de tous les objets dans l'espace, et dire que les lois de la physique restent les memes. Dans ce cas on parle de transformation active. Alternativement, je peux effectuer une translation (opposee) du referentiel de coordonnees, et dire que les lois de la physique restent les memes. Dans ce cas, on parle de transformation passive. Pas de probleme, les deux types de transformations vont mener a la meme conclusion : l'impulsion est conservee. Cette affirmation est equivalente a "Les lois de la physique sont les memes a Paris et a Berlin".
Egalement parmi les symetries spatio-temporelles, les rotations menent a la conservation du moment angulaire. On travaille toujours avec des transformations passives, parce que c'est plus naturel (referentiel arbitraire).
Mais comment faire une transformation active dans le cas d'une symetrie de jauge !? Les symetries de jauge sont dites "internes" elles sont definitivement "cachees" parce qu'on n'a pas acces directement aux degres de libertes correspondants. On peut dire que ces derniers ne nous servent qu'a tenir une liste de nombres pour lesquelles nous n'avons aucune representation physique directe. Peut-on leur attribuer le meme statut aux symetries de jauge qu'aux symetries "classiques", ces dernieres seules possedant une transformation active ?
Alors d'habitude j'aurais tendance a pencher pour la solution suivante : arretons de nous creuser la tete sans fin a essayer de tout formuler en terme de Hamiltonien, contentons-nous de l'interpretation geometrique de la connection de jauge dans le formalisme Lagrangien. Nous savons que ce sont les deux faces d'une meme piece, on utilise la plus commode lorsque cela nous arrange. Donc l'autre jour je n'ai pas insiste avec mon objection. Et puis, je suis pour la geometrisation de la Nature, c'est tellement joli. Cela dit, au moins par honnetete intellectuelle, je veux citer l'exemple de QCD pour laquelle il est necessaire d'introduire des fantomes pour preserver l'unitarite quand on fait des diagrammes de Feynman d'ordres superieurs. Ces fantomes sont des particules non-physiques, qui ont l'extreme desobligeance de ne pas respecter la relation spin-statistique, mais que l'on fait disparaitre a la fin des calculs. Donc, meme si c'est plus casse-tete, la formulation Hamiltonienne est parfois plus directement liee a l'interpretation physique.
Pour unique reference, je propose cet article, sorti aujourd'hui :
Symmetries and physical functions in general gauge theory
D.M. Gitman, I.V. Tyutin
Avis, commentaires ?Envoyé par Abstract
-----