Bonsoir,
Cà fait plaisir enfin de connaître quelqu'un qui a lu le livre de Roland Omnès.
Le phénomène de cohérence atteint des certitudes et je doute que quiconque se risque à mettre ce phénomène en doute. En fait il s'agit d'une certaine façon une version étendue de la dissipation des systèmes hors d'équilibre étendue à la MQ.Omnès est un défenseur (et partie prenante) de la théorie de la décohérence.
Je doute qu'Omnés prenne très au sérieux la fonction d'onde. Ce n'est pas un objet physique, mesurable mais seulement un outil (intermédiaire) mathématique.Ce qu'il faut bien voir, c'est que ceux qui vont dans ce sens ne sont pas dans l'interprétation de Copenhague car ils "prennent au sérieux" (selon les termes de Penrose) la fonction d'onde et essayent d'en tirer un maximum de conséquence (et y arrivent assez brillamment), y compris (et c'est le "graal") le postulat de réduction de la fonction d'onde.
Donc, pour les partisans de la décohérence, le problème de la mesure existe, évidemment, puisqu'ils cherchent à le résoudre.
Pour moi le problème de la mesure n'est pas seulement un problème d'interprétation mais un problème tout court qui demande donc une réponse.
Le problème est par exemple le fait que le postulat de la mesure est rattaché à l'interaction d'un petit système avec un corps macroscopique.
Si l'on admet que la mécanique classique émerge de la MQ alors il y a une contradiction entre les évolutions unitaires de la fonction d'onde et l'absence de superposition des systèmes macroscopiques (qui renvoie au chat de Schrodinger).
Ceci est un vrai problème de physique (un joli pb à N corps)qui appelle une solution. Ce n'est pas pour moi un problème d'interprétation.
Je ne vois en quoi les partisans de la décohérence prennent au sérieux la fonction d'onde.Mais il faut bien voir que cette théorie est assez (1970) récente et convaincante depuis peu (~2000). De 1930 à 2000, des générations de physiciens ont dormi sur leur deux oreilles en adoptant l'interprétation de Copenhague qui disait de "ne pas prendre au sérieux" la fonction d'onde, de la voir comme un support d'information sur un système, et qu'elle ne nous dit rien de physique ni de profond sur le système; elle ne nous apprend que des "chiffres" (des probabilités).
C'est, me semble-t-i, parce que la mesure telle que formulée par Copenhague n'a pas constitué un obstacle au progrès de la physique. C'est peut-être moins vrai aujourd'hui avec le dl de l'optique quantique et des systèmes mésoscopiques.Donc, je le répète, pour les partisans de l'interprétation de Copenhague, il n'y a pas de problème de la mesure. Il y a d'un côté le postulat d'évolution, de l'autre le postulat de la mesure, et on utilise l'un ou l'autre en fonction des besoins opérationnels.
Ce n'est pas ainsi que j'ai compris les choses. Le paradoxe du chat n'est pas rattaché qu' au problème de la mesure mais également au problème de la non-séparabilité (ce que l'on appelle désormais l'intrication) d'un système en parties.D'ailleurs, l'interprétation de Copenhague a été établie pour mettre un terme aux débats sur le paradoxe du Chat.
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