Bonjour à tous,
Cette distinction entre cours du temps et flèche du temps, je la trouve (à satiété) dans les ouvrages et articles d'Étienne Klein. Par exemple :
"Cet examen fait apparaître que, dans ses formalismes opératoires, la physique distingue le temps du devenir. Elle les distingue même radicalement : il y a, d’une part, le cours du temps, grandeur primitive dont la représentation est contrainte par le principe de causalité, d’autre part, la flèche du temps, laquelle n’est pas une propriété du temps, mais de la majorité des phénomènes qui s’y déroulent, en l’occurrence les phénomènes temporellement irréversibles (une goutte d’encre qui tombe dans un verre d’eau se dilue, se disperse et cesse ainsi, irrémédiablement, d’être une goutte d’encre)
Le cours du temps permet d’établir une différence de statut (mais pas de nature) entre les instants passés et futurs : sur la ligne du temps, demain n’est pas situé à la même place qu’hier – un certain laps de temps les sépare définitivement. La flèche du temps, quant à elle, est la manifestation du devenir. Elle exprime le fait que certains systèmes physiques évoluent de façon irréversible au cours du temps : ils ne retrouveront pas demain les états qu’ils ont connus hier."
Une première question serait donc : cette distinction est-elle effet posée et assumée comme telle, dans les articles de physique (vulgarisation exceptée) ?
La seule référence que je puis trouver est une conférence du professeur Thierry de Larochelambert (chercheur à l' Institut Femto-ST) :"le cours du temps est le déroulement irréversible des instants successifs aussi rapprochés que possible(...)le cours du temps est orienté et irréversible par causalité l’irréversibilité des phénomènes (flèche du temps) n’est pas due à l’irréversibilité du cours du temps (et inversement)"
Ma seconde question dès lors : lorsque d'aucuns formalisent l'émergence "du temps" depuis un "niveau" intemporel (que ce soit Rovelli et son hypothèse d'un temps thermique, Zeh et Kiefer mobilisant la décohérence pour expliquer "the emergence of a classical concept of time from a timeless quantum world", cf.The Physical Basis of The Direction of Time ) ; de quoi est-il question au juste ? De l'irréversibilité des phénomènes (flèche), ou bien du cours du temps lui-même ?
Autrement dit : ce "timeless quantum world" – nous sommes, j'imagine dans le contexte d'une théorie de la gravité quantique – est-il "timeless" seulement dans la mesure où ses phénomènes sont réversibles (je mets de côté les exceptions induites par l'interaction faible) ? Ou bien, parce qu'à ce niveau, le temps n'a tout simplement pas cours, il n'y aurait pour ainsi dire aucune "succession irréversible d'instants" ?
La flèche ou le cours, donc ?
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