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Intro
Ce projet, particulièrement économique et relativement simple, va vous permettre d'évaluer facilement et rapidement la qualité et l'état de n'importe quel condensateur chimique.
Le paramètre mesuré pour cela est l'ESR (Equivalent Series Resistance).
Il existe plusieurs moyens, ou paramètres pour caractériser l'imperfection d'un condensateur; tous sont théoriquement interchangeables, mais certains sont mieux adaptés que d'autres en fonction de la technologie et de la bande de fréquence.
Ces aspects, et un peu de la théorie sous-jacente ont déjà été abordés dans un autre projet, il n'est pas utile de revenir dessus.
Il est important de comprendre que l'ESR n'est ni le module de l'impédance du condensateur à une fréquence donnée, ni l'ensemble des résistances ohmiques présentes dans le condensateur: il s'agit bien de toutes les pertes présentes dans le condensateur, mais exprimées sous la forme d'une résistance série.
C'est à dire la somme des résistances physiques (fils, contacts, électrolyte, ...) et d'une résistance virtuelle englobant les autres types de pertes.
La distinction est subtile, mais importante, nous allons voir pourquoi.
Les condensateurs chimiques sont utilisés presque exclusivement pour des applications où leur impédance en AC peut être considérée comme ~=0, typiquement couplage et découplage.
Pour évaluer la qualité d'un condensateur dans ce rôle, il faudrait donc mesurer le degré de perfection qu'il atteint en tant que court-circuit AC. A ce point de vue, des ohms sont des ohms (tant qu'il y aura des ohms!), qu'ils soient purement réels, capacitifs, ou inductifs. Il ne serait donc pas utile de faire la distinction, au contraire.
Le raisonnement semble sensé et logique, et c'est pourquoi, la majorité des appareils de mesure d'ESR (bon marché) sont en faits de simples ohmmètres alternatifs, qui mesurent l'impédance totale. Et sans doute également parce que c'est bien plus facile: on applique un courant au condensateur à tester, et on mesure la tension qui apparait à ses bornes.
On peut cependant aller plus loin, et se demander pour quelle raison ce paramètre d'ESR a été défini.
Un exemple numérique réel sera beaucoup plus parlant que toute considération théorique: prenons un condensateur de 100µF de qualité correcte à 1KHz. Une valeur typique de son ESR serait de 250 milliohm; à 1KHz, sa réactance serait de:
.........................
Le module de son impédance vaudrait .
Supposons que ce condensateur soit très sérieusement dégradé (ou de très mauvaise qualité), et que son ESR ait doublé: .
Dans ces conditions, .
L'écart, de moins de 5%, est pratiquement imperceptible: une tolérance normale, pour ce genre de condensateur serait de -20/+50% ou plus, et noierait l'écart constaté d'un rapport de plus de 1 à 10. Alors que le condensateur est en fait pratiquement hors d'usage.
Cela montre clairement qu'il est nécéssaire de disposer d'un paramètre plus adapté que |Z| pour évaluer l'état de santé d'un chimique, raison pour laquelle l'ESR a été introduite.
On pourrait objecter que l'ESR ne tient pas compte de l'inductance série, qui a également le potentiel de dégrader les performances d'un condensateur de découplage. Mais en pratique, c'est superflu: il y a plus de 20 ans que plus aucun condensateur inductif n'est fabriqué: sur ce plan, les condensateurs actuels sont très proches de la perfection, avec une inductance qui se résume à la longueur que doivent parcourir les connexions pour traverser le circuit imprimé puis le joint d'étanchéité.
Ce point a été clairement confirmé dans cette étude. L'inductance sera donc presque exclusivement liée à la construction (radiale ou axiale) et aux dimensions, et il n'est pas utile de s'en encombrer.
Il reste la valeur elle-même: à ESR égale, un condensateur de plus forte valeur découplera plus efficacement. Il faudrait pouvoir en tenir compte.
En réalité, elle sera incorporée de manière implicite dans l'ESR:
pour une fabrication donnée, celle-ci est liée directement à la valeur: dans la série, le modèle 220µF fera à peu près la moitié du 100µF.
Et un 100µF dont la tolérance est de 50% supérieure à la valeur nominale sera 1.5x moins résistif qu'un autre exemplaire ayant pile la valeur nominale.
L'ESR est donc bien la seule chose à connaître pour caractériser un condensateur chimique. C'est valable aussi bien pour la qualité initiale: formulation de l'électrolyte, construction interne, qualité des matériaux, que pour l'état de dégradation dans lequel il se trouve: perte ou altération de l'électrolyte, intégrité des électrodes.
Présentation du testeur:
C'est un milliohmmètre vectoriel à connection Kelvin permanente, pouvant travailler à trois fréquences fixes: 100Hz, 1KHz et 10KHz.
Il a un total de 6 gammes, regroupées en deux sous-gammes, couvrant la plage de 20 milliohm à 2 Kiloohm, avec une résolution maximale de 10µohms.
Il peut mesurer l'ESR de condensateurs compris entre 0.1µF et l'infini, et applique une tension de polarisation DC de 2.5V.
Il indique également s'il y a une anomalie, condensateur ouvert ou en court-circuit, ou ayant un courant de fuite trop élevé, ainsi que le choix inapproprié d'une échelle.
L'alimentation se fait par pile. La consommation de base est ~5mA, et un indicateur de batterie faible est prévu.
On peut discuter de la pertinence de ces choix:
-La connection Kelvin: sur les 6 gammes, 5 nécéssitent d'être en 4 fils pour garantir une bonne précision. Dans ces conditions, il est plus simple de le laisser en permanence dans ce mode.
-Les fréquences: 100Hz correspond à l'ondulation vue par un condensateur de filtrage et beaucoup de caractéristiques pour ce genre de condensateurs sont spécifiées à cette fréquence.
1KHz est une fréquence "généraliste", également utilisée dans les datasheets. 10KHz est une fréquence plus élevée, permettant de voir l'évolution du comportement lorsqu'on monte en fréquence. Pour être complet, il eût été souhaitable d'avoir également une valeur encore plus élevée, 50 ou 100KHz par exemple. Cela aurait malheureusement nécéssité de sérieuses complications supplémentaires, et des circuits plus performants, donc plus coûteux et moins facilement disponibles: cette version n'utilise en tout et pour tout que 4 circuits intégrés courants et bon marché. En pratique heureusement, l'ESR n'évolue plus beaucoup au-dessus de 20KHz, et à 10KHz, on a déjà une très bonne idée de ce qu'il se passe.
-Les gammes: 20milliohms peut sembler très bas, et 2Kiloohms très haut. Mais les condensateurs de fortes valeurs et faible ESR actuels tournent autour du milliohm. L'échelle 20milliohm et sa résolution de 10µohms n'est donc pas un luxe. D'autre part, un condensateur de moins de 1µF d'une qualité banale pourra facilement dépasser le kiloohm à 100Hz. Là non plus, ce n'est pas du luxe.
-La limite inférieure de 100nF: il est vrai qu'il existe quelques rares exemples de condensateurs polarisés de moins de 100nF, mais ils restent des exceptions, et seront testables à 1KHz et plus, à défaut de l'être à 100Hz.
Après cette introduction, nous commencerons à examiner le schéma, que voici déjà:
A suivre.....
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