Je ne peux que partager cette immense déception qu'a été la grande école d'ingénieur.
Moi même en deuxième année dans une école considérée comme dans les meilleures de France, je partage à peu prêt tous tes griefs.
Les cours sont globalement très mauvais. On aborde des sujets complexes et potentiellement intéressants de manière très superficielle... Le support de cours se limitant souvent à un diaporama fait à la va vite avec trois images et une formule qui sort de nulle part et que l'on ne démontrera jamais, si support de cours il y a. C'est difficile d'exprimer le sentiment d'absurde et d'inutile que l'on peut ressentir quand on ne vient à un cours seulement pour signer une feuille de présence mais duquel on ne retiendra vraiment rien.
Ensuite il y a la mentalité... Je pense qu'elle s'explique majoritairement par deux facteurs. Le premier c'est que beaucoup n'ont pas fait la prépa par plaisir ou passion mais juste pour rejoindre l'"élite" et ne la voit donc que comme un effort pour ensuite se reposer en école. Le deuxième, c'est le fait que justement l'on soit considéré comme l'"élite" et que l'administration se complaît à nous le répéter. Cela engendre une explosion des égos et beaucoup de suffisance.
Le résultat est donc des étudiants qui se bourrent la gueule avec une arrogance sans limite et se complaisent dans la paresse (à noter que Stephen Hawking retire le même sentiment de ses études dans les universités d'"élite" anglaises). Mais au delà de ça, et peut-être pire, on assiste à l'hégémonie du statut, de l'hypocrisie et de la superficialité. Chacun veut être populaire, apprécié, et ce qui est mis en valeur est d'être un fêtard, donc soyons-en!
Une analyse un peu plus fine m'a d'ailleurs fait nuancer cela. En réalité, ces gens vraiment superficiels ne représentent qu'une minorité mais sont seulement beaucoup plus voyant, ils font plus de bruit. Mais peut-être pire encore, je trouve que la majorité des gens n'ont comme pas de conscience, de réflexion. Ils n'apprécient pas réellement les soirées, mais ils prennent la minorité voyante comme une majorité et tel un troupeau se convainquent qu'ils apprécient sincèrement pour le 37e jeudi de suite boire jusqu'au vomi et se dandiner maladroitement sur une piste de danse sur laquelle ils ne sont pas à l'aise (dans l'espoir qu'une des 10% de filles de la promo leur tombe dans les bras, ce qui s'est pourtant révélé inefficace lors des 36 premières fois).
Ceux-là me donnent l'impression de branches inertes flottant sur le cours d'eau qu'est la vie et ne remettant jamais rien en question, comme s'ils n'étaient pas éveillés, n'avaient pas de volonté propre... Difficile de ne pas paraître arrogant et supérieur en disant cela, pourtant je le dis tout à fait humblement car j'ai été cette branche au collège et au lycée et ce qui m'a poussé à "m'éveiller" n'était pas de mon fait. Je dirais donc que j'ai simplement eu de la chance.
Ainsi, ton sentiment de médiocrité est tout à fait partagé, et pas seulement par moi. Malheureusement, j'ai peur que le monde de l'entreprise soit particulièrement sujet à cette hypocrisie et à cette lutte des égos. De la part de mon ancien chef de stage, qui avant avait un haut poste chez Thales: "je suis parti parce que j'arrivais à un point où je passais plus de temps à me prévenir des coups fourrés de mes collègues qui voulaient ma place qu'à travailler sur les projets. J'ai fait une dépression parce je ne trouvais plus de sens dans mon travail et l'humain me dégoûtait.".
Je pense que ma réflexion sur les branches flottant dans la rivière est et sera toujours vraie pour une majorité. A toi de trouver ceux pour qui ce n'est pas cas.
En effet, d'après moi, le fond du problème est que la majorité des gens ne possèdent pas les bonnes valeurs, la bonne éthique. L'individualisme et la mise en valeur de soi priment sur l'empathie et la quête d'un sens profond. Il m'apparaît comme évident que la recherche de son profit égoïste et le consumérisme, bases de notre système (qui possède néanmoins de très bon côtés) ont beaucoup influencé les mentalités. Si tu te rapprochais de certains milieux où l'éthique et la bonté est plus présente (humanitaire, écologie, philosophie), tu trouverais plus de gens te correspondant.
Après, cela n'empêche pas une remise en question (au contraire) car en effet le problème pourrait venir de nous comme l'ont souligné de nombreuses personnes en réponse. Néanmoins, j'aimerais viser pm42 qui a l'air très sûr de sa compréhension du monde et qui aime bien expliquer sèchement à l'autre que c'est un imbécile qui a tort... Un des besoins fondamentaux de l'être humain est de se mettre en valeur pour exister. Une des techniques est d'écraser l'autre pour s'élever, de prendre le rôle du professeur qui sait. Mais je préfère quand les gens qui ont besoin de ces techniques se cantonnent à jvc.
Bon courage à toi en tout cas
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