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La science, moteur de la croissance, si on l'encourageLE MONDE | 06.07.04 | 14h09
Un rapport du Sénat analyse les effets de la recherche sur l'activité économique
Jusqu'à 14 millions d'emplois supplémentaires, dont 3 millions dans les métiers de la recherche, et un taux de croissance dopé de 0,64 %. Tel pourrait être, à l'horizon 2030, l'impact économique d'une augmentation des dépenses de recherche en Europe atteignant, en 2010, 3 % du produit intérieur brut.
Ces projections sont présentées dans un rapport de la délégation du Sénat pour la planification, rendu public le 29 juin. Cette évaluation s'appuie sur une simulation réalisée grâce au modèle macroéconomique Nemesis du laboratoire Erasme de l'Ecole centrale de Paris. Un exercice qui vise à nourrir la réflexion sur "la stratégie économique de l'Europe dans une économie mondialisée", espère le sénateur Joël Bourdin (UMP-Eure), qui en a eu l'initiative.
L'objectif de 3 % du produit intérieur brut consacré à la recherche est répété ad nauseam par les décideurs politiques, sans qu'ils se donnent vraiment les moyens de l'atteindre. Le rapport rappelle ainsi qu'il figurait déjà dans un ouvrage de 1964, Réflexions pour 1985, du Commissariat général du Plan. "Il est raisonnable de penser qu'en 1985 la part de notre produit national (PN) consacrée à la recherche sera au moins égale à 3 % - pourcentage actuellement atteint aux Etats-Unis", pouvait-on y lire.
En 2001, rappelle M. Bourdin, la France ne consacrait que 2,2 % de son PIB à la R & D, contre 1,93 % pour l'Europe, mais 3,09 % au Japon et 2,82 % aux Etats-Unis. Quel serait l'impact économique de cet objectif des 3 %, que l'Union européenne s'est fixé lors du Conseil européen de Barcelone, en 2002 ?
Le modèle Nemesis donne plusieurs réponses, en fonction des différentes hypothèses retenues, mais permet de définir des ordres de grandeur qui montrent un impact largement positif. Pour l'Europe, le supplément de croissance potentielle en 2030 va de 0,43 % à 0,64 % par an (0,22 % et 0,32 % par an en France).
TROP MODESTE
L'emploi total serait supérieur de 8 à 14 millions en Europe (0,8 à 1,3 million en France). L'emploi scientifique serait bien évidemment encouragé, à 3 ou 3,3 millions supplémentaires en Europe et de 343 000 à 600 000 en France - contre un total de 335 000 en 2001... Ces projections décrivent ainsi un cercle vertueux proche de celui enclenché aux Etats-Unis au début des années 1990 : les emplois très productifs concourent à un accroissement du revenu distribué dans l'économie, qui se traduit par une augmentation de la demande.
Le rapport insiste aussi sur le fait que les commandes publiques ont les effets les plus favorables sur la croissance. Une stratégie suivie par les Etats-Unis et le Japon, "là où l'Europe considère que la croissance découle de l'élargissement du marché et de l'accentuation de la pression concurrentielle". Pour le rapporteur, qui se dit "réservé" sur la politique suivie, "le budget communautaire de la recherche est trop modeste pour que l'Union ait une véritable politique intégrée dans ce domaine". Or, c'est au niveau européen que, selon lui, le pilotage de la recherche doit être défini.
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