Tout le monde connait un de ces types qui a fait des études informatiques. Peut-être même en faites vous partis ?
Alors c'est vous, le mec chiant qui gonfle tout le monde, le preneur de choux que l'on fuit ?
Non ? Alors vous êtes un de ces milliers de types "normaux" qui subissent cette image !
Etrange époque que la notre...
Souvenez-vous de cette mode des Jeans troués que les adolescents arboraient fièrement il n'y a encore pas si longtemps, alors que ces loques rendaient honteux les miséreux du début du siècle qui les portaient faute de mieux.
De la même façon, il y a 20 ans, les métiers honteux étaient ceux d'éboueurs et de techniciens de surfaces (balayeurs), ceux que l'on appelait : sales boulots.
Aujourd'hui c'est celui... d'informaticien, le technicien des temps modernes (alors que maintenant, les éboueurs ne sont plus dénigrés du peuple qui a connu la dure loi du chômage et des emplois précaires).
Informaticien.
Rien que le mot fait peur (et il y a pire : ingénieur-informaticien !).
Cet obèse boutonneux aux cheveux gras et aux horribles lunettes (épaisses et scotchées) à double foyers. Ce fan des jeux vidéo en réseaux et des bouquins de programmation spécialisés que personne ne lit. Ce mutant associable et solitaire, toujours à l'affût des dernières versions (4.5.2b release 3) de logiciels (linux) qu'il installe et paramètre totalement à longueur de temps (la journée au travail et la nuit chez lui).
Telle est l'image insupportable et insupportée que l'on retrouve derrière le mot "informaticien", surtout (malheureusement) auprès de la gente féminine.
Pourtant, beaucoup ne collent pas à ce portrait et sont tout simplement informaticiens, comme d'autres sont coiffeurs, footballeurs ou libraires : un travail qu'ils aiment mais qui ne domine pas leur vie, même s'il arrive qu'ils y reviennent parfois dans leur temps libre, par envie (comme le footballeur) ou par nécessité pour répondre aux besoins d'amis intéressés (comme les coiffeurs).
Du coup ces "autres" informaticiens (la majorité) ont honte de la simple dénomination de leur activité professionnelle, et lorsqu'en soirée (ou sur un chat) une charmante personne leurs demande "que fais-tu dans la vie ?", ils répondent : consultant, chef de projets, spécialiste e-business, architecte réseau, responsable système, opérateur Internet, ... tout sauf informaticien et les mots issus de la même racine.
Cette ruse a pu marcher pendant un temps, mais aujourd'hui les femmes ne sont plus dupes et ont appris à reconnaître le traître travesti. Elles n'apprécient pas l'informaticien et sont remplies d'a priori sur lui car celles qui se sont amourachées (ou ont connu des copines éprises) d'un informaticien savent bien qu'il est un mauvais compagnon : il finit par la délaisser au profit de son ordinateur (ennemi juré de la femme -avant que l'air Internet ne lui fasse expérimenter la bête-).
La femme qui aime sortir a donc peur de l'informaticien (qui arrive à s'occuper sans elle).
Pourtant l'informaticien gagne bien sa vie, très bien même (de 2 à 3 fois le SMIC pour un débutant parisien). Mais contrairement aux architectes, professeurs de musique, dessinateurs de BD, photographes de mode, artistes-peintres, libraires spécialisés, pilotes de l'air, maîtres-nageurs, entraîneurs de tennis, gardiens de musée, archéologues, publicitaires, projectionnistes, pompiers, antiquaires et autres marins-pêcheurs, il ne fait pas rêver. Mieux vaut un gangster aventurier, qu'un informaticien ennuyeux.
La blonde est à la femme ce que l'informaticien est à l'homme : une généralité désastreuse née d'une exception affligeante. Tel un harki (algérien ayant combattu au côté des français durant la guerre d'Algérie), l'informaticien ordinaire (non-abruti) est autant critiqué (pire: rejeté) par sa caste (les informaticiens-fous avec qui il n'a aucune envie de traîner) que par les gens aux professions "normales" (c'est-à-dire les non-informaticiens).
Le voilà donc malmené par un fâcheux concours de circonstances l'amenant à un dilemme cornélien : gagner sa vie ou gagner l'estime.
Mais MIRACLE, l'avènement de l'Internet arrive pour le sauver le bougre : la vulgarisation de l'ordinateur le démystifie, le dé-diabolise, MIEUX : lui offre le (ô combien estimable) rang de pompier du nouvel âge !
Comme quoi, tout vient à point à qui sait attendre et que le temps fait (tout seul) bien les choses, quoi qu'on en dise : un an après avoir essuyé une marée noire, les rochers qui n'ont pas été dépollués au Karcher sont moins bio-dégradés (la mousse repousse mieux) que les autres (je sais, ça n'a aucun rapport, mais j'avais juste envie de le dire ) ... héhé).
-----