Je suis d'accord sur le constat. Mais cette idée que l'homme fait preuve d'un fol orgueil, et que le mieux serait qu'il disparaisse de l'Univers, j'y vois la simple manifestation d'un préjugé paresseux, résultat d'un sentiment d'impuissance qui fait douter de sa propre utilité. D'ailleurs tout ce bla bla autours de l'homme parasite de Gaia chemine, sans que les zelateur de ces thèses fassent mine de s'en rendre compte, sur l'idée toute humaine de justice. Or s'il était juste de penser que l'homme pourrait disparaitre en toute justice, alors combien plus faudrait il rester indifférent à ce que toute autre espèce disparaisse ? La douleur d'une disparition se comptabilise au prix que la chose disparue mettait à exister. On compatit relativement peu à la destruction d'un caillou, car celui ci met un prix nul a arriver à l'existence. Quand on s'émeut quand même, c'est que cette chose était investie du désir d'un vivant. Dès qu'apparait un embryon de volonté, alors on s'émeut pour la chose même. Qui trouve t'on au sommet de l'échelle des volontés sinon l'homme ? Dès lors, si l'on trouve peu nécessaire d'exister soi même, tout le reste doit s'affaiblir, puisque soi même, au sommet de l'être, on se trouve témoigner que l'extrême volition ne rend pas la vie si nécessaire que ça. C'est le sentiment d'impuissance personnelle qui fait obstacle a l'idée humaniste.Mais pour l'instant, ton optimisme, et le mien aussi, sont assez isolés. Je parle d'optimisme sur la nature humaine, et non de progrès technologique. Il suffit de lire un certain nombre de discussions pour se rendre compte que l'idée qui se fait jour est que tout ce que fait l'Homme est mauvais, que la seule idée d'asservir la nature est la marque d'un orgueil sans borne tout comme le concept même d'expansion de l'humanité. En conséquence de quoi, il serait souhaitable, suivant celle nouvelle philosophie, que l'Homme retourne à un mythique état de nature, ou mieux, disparaisse de l'univers (je l'ai déjà vu écrit, par des gens de 20 ans).
C'est tout simplement de l'anti-humanisme.
Or rien n'éveille mieux le sentiment d'utilité qu'un projet où ce sentiment que ce que l'on fait est utile est partagé de beaucoup. Kennedy visitant les locaux de la Nasa demandait à un homme de ménage quel était sa fonction. Il lui répondit : moi, mister president, j'envoie des gens sur la Lune. Il avait intégré la plus humble fonction qui était la sienne au projet global qui avait l'intérêt d'être facile à comprendre et immédiatement souhaitable.
Le projet d'Arche est pareillement facile a comprendre et immédiatement souhaitable. C'est son grand intérêt et c'est constant. Il ne donne pas l'impression d'être réalisable. C'est son inconvénient, mais ça pourrait cesser.
-- Je pense que l'homme se caractérise par son opportunisme : si qqchose de souhaitable mais d'impossible se présente à ces yeux, il trouve opportun de trouver des raison définitives qui rendent cette chose detestable. Pense aux réponses si souvent données à la question de savoir si cela plairait a qqun d'être immortel. Réponse : ah ben non, on s'ennuirait. ah ben non, la mort donne du sens à la vie. ah ben non, on se marcherait dessus, etc. Et songe a la réponse que donneraient ces même gens si on leur donnait la possibilité effective de vivre seulement deux fois plus longtemps. Je crois qu'ils cesseraient de trouver cela ennuyeux, que la vie retrouverait à leurs yeux le prix tout juste nécessaire pour franchir cette durée et qu'ils jugeraient sommes toutes qu'il y a bien assez de place pour loger tout le monde. Si quelque chose de nouvellement possible parmi les choses souhaitables se présente, alors rien ne devient plus pressant que sa réalisation et si cette perspective apparait éloignée, tout une floraisons symbolique surgit des esprits pour baliser le parcours.Quelles pourraient être ces motivations justifiant un tel projet, consommant une fraction notable des ressources d'une civilisation ?
- Une philosophie rationnelle et un nouvel humanisme, se donnant parmi d'autres buts celui s'assurer l'immortalité d'une l'humanité sûre d'elle-même
- Une motivation un peu moins rationnelle mais aussi efficace : la mission religieuse. Cette mythologie de migration vers la Terre promise est d'ailleurs bien déjà inscrite dans nos "gènes" culturels, au moins pour la civilisation judéo-chrétienne
- Evidemment, la perspective d'un cataclysme physique, affectant même le soleil (peu vraisembable quand même)
Voilà pour quelques motivations imaginables, qui ont effectivement une certaine permanence : tout celà, sauf peut-être la troisième, serait compréhensible par une personne ayant vécu il y a 300 ans.
Donc, finalement, je retire bien mon "totalement".
Autrement dit : dès lors que l'Arche ou un projet équivallent était perçu comme possible, je pense que le soucis deviendrait de contenir l'impatience des esprit plutôt que de s'efforcer de les y intéresser. Et quand je dis possible, j'entend que chacun se figurerait qu'une telle vie dans le milieu clôt de l'Arche (ou équivallent) n'est pas un sacrifice mais que ça représente une vie honnête, en soi, auquelle s'ajouterait la gloire incomparable de fonder une lignée de pionniers.
Tout ça pourt dire que c'est bien un problème technique, in fine.
Ce qui est, sommes toutes, rassurant.
a+
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