Bonsoir,
Je reprends partiellement un message posté dans une autre discussion, pour en ouvrir une nouvelle dédiée à ce sujet :
Plus précisément, la part des variants SA/BR dans les PCR+ a doublé en environ 2 semaines, passant de 4 à 8%, alors que durant les 2 mêmes semaines l'incidence globale baissait d'environ 17%. Cela signifie que le nombre de nouveaux cas causés par ces variants a augmenté d'environ 66% en 2 semaines, d'où un taux de reproduction effectif R(t) ~ 1,25 malgré les mesures en vigueur.De manière générale, le message est que l'immunité (naturelle ou vaccinale) donne un avantage aux variants qui y échappent partiellement. De ce point de vue, la manière dont l'immunité a été acquise importe peu.
On en voit peut-être une illustration avec l'augmentation actuelle de la part des variants sud-africain et/ou brésilien en Ile de France(*), alors que leur contagiosité est réputée un peu plus faible (et en tout cas pas plus élevée) que celle du variant anglais qui représente la quasi-totalité des autres cas.
(*) Malheureusement les tests de criblage ne permettent pas de différencier les deux variants en question. Dans l'explication ci-dessous je ne les différencie donc pas.
Mais il se trouve que l'IdF est la région où le pourcentage de personnes ayant été infectées est le plus élevé (probablement supérieur à 50% des 30-50 ans, 40% tous âges confondus, entre 25 et 30% des 50-70 ans, moins de 20% des 70+, mais une majorité des 70+ et une proportion non négligeable des 50-70 sont vaccinés totalement ou partiellement, donc on peut estimer que, globalement, l'immunité de la population est supérieure à 50%).
Ces mesures ont pourtant permis d'atteindre R(t) ~ 0,95 calculé sur l'ensemble des cas, tous variants confondus (ensemble dans lequel le variant UK est largement prédominant, avec plus de 80% des cas, et le variant "historique" a quasiment disparu). Les variants SA/BR se sont donc propagés environ 1,3 fois plus vite.
Selon les observations faites dans d'autres pays mais aussi dans le premier département touché par le variant SA en France (Moselle, où la part du variant SA a baissé par rapport à celle du variant UK), les variants SA/BR sont pourtant (un peu) moins contagieux que le variant UK. C'est donc bien le fait qu'ils favorisent les réinfections en échappant partiellement à l'immunité acquise qui explique leur progression en IdF.
A contagiosité égale avec le variant anglais, dans une population immunisée à 50% contre celui-ci, il faudrait que le risque de réinfection (ou infection de personnes vaccinées) par ces variants soit de 30% - en supposant que ce risque soit proche de 0 par le variant UK. Ou plus de 30% s'ils sont moins contagieux.
De ce fait je vois mal comment la vaccination d'environ 10% de la population par mois (compte-tenu du fait qu'une partie des doses livrées devra être utilisée pour les deuxièmes injection des vaccinés Pfizer ou Moderna du mois précédent), ajoutée aux environ 5% de la population infectés dans le même mois, suffirait à stopper la progression des variants SA/BR avant juin, même si les mesures actuelles sont maintenues : à mesures et comportements inchangés il faudrait que 70% de la population soient immunisés (contre les variants précédents dont l'UK, et partiellement contre les variants SA/BR) pour faire retomber R(t) à moins de 1.
Pour confirmer cette estimation il faudrait disposer de statistiques sur les cas de réinfections par les nouveaux variants; je suppose que c'est possible, au moins parmi les personnes qui avaient déjà été PCR+ dans l'année précédente. Mais si elles existent elles ne sont pas encore publiées.
Si vous voyez une faille dans le raisonnement, j'en serais ravi.
Mais si je ne me plante pas trop, j'ai du mal à imaginer que le gouvernement pourra prendre le risque maintenir son calendrier de "déconfinement", au moins en ce qui concerne l'IdF. Clairement, la réouverture des collèges et lycées (par demi-classes en présentiel à partir de la 4e) ne va pas être remise en question. Mais pour le reste...
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