Résultats à interpréter avec prudence :
Comme le délai moyen entre infection et réinfection est de 240 jours et que les infections survenues en 2020 lors des deux premières vagues ne sont pas prises en compte, la plupart des cas de réinfection dus au variant alpha (jusqu'à juin 2021) puis au variant delta (en juillet-août 2021) n'ont pas pu être identifiés dans cette étude.Une très grande majorité des cas possibles de réinfection rapportés dans cette étude sont survenus au cours de la 5e vague de COVID-19.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette observation. Tout d’abord, le fait que nous ne puissions pas identifier les réinfections survenues suite à un premier épisode en 2020 contribue certainement à une sous-estimation de la fréquence des cas possibles de réinfection sur la totalité de la période d’étude, ainsi qu’à l’augmentation de leur fréquence au cours du temps. Par ailleurs, il semble vraisemblable que l’atténuation de la réponse immunitaire post-infectieuse ou post-vaccinale survenue au sein de la population française au cours de la période d’étude ait pu également jouer un rôle dans cette nette augmentation de la fréquence des cas possibles de réinfections détectés.
En particulier
- les cas identifiés de réinfection par alpha au premier semestre 2021 ne correspondent qu'à des infections dans les premiers mois de l'année, alors qu'alpha était déjà prédominant en février; les réinfections par le même variant étant certainement plus rares, cela doit conduire à une forte sous-estimation de nombre total de réinfections par alpha.
- les cas identifiés de réinfection par delta en juillet-août correspondent à des infections entre janvier et juin 2021, période durant laquelle le nombre total d'infections est comparable à celui de la période mars-décembre 2020, alors que, selon le rapport, l'intervalle entre infections est assez rarement inférieur à 160 jours (dans moins d'un quart des cas identifiés). Donc en réalité, en juillet-août il y a probablement eu plus de réinfections de personnes infectées en 2020 que de personnes infectées au S1 2021. D'autre part, en juillet-août 2021 une bonne partie de la population était déjà vaccinée, avec une deuxième dose encore assez récente (ou une dose unique pour ceux qui avaient été testés PCR+ dans les mois précédents), ce qui a probablement contribué à éviter des réinfections.
Donc, même si omicron est probablement plus susceptible de causer des réinfections que les variants précédents, ce rapport ne permet pas de comparer précisément les risques de réinfection par l'un ou l'autre variant. D'ailleurs puisque omicron n'est en cause que dans 79% des cas de réinfection identifiés entre mars 2021 et janvier 2022 alors qu'il a causé environ les deux-tiers des cas confirmés dans la même période, c'est bien que delta a dû également causer un nombre important de réinfections entre octobre 2021 et janvier 2022.
Autre chose : sachant qu'on estime que le nombre réel d'infections varie entre 2 et 3 fois le nombre de cas confirmés par test, la probabilité de détecter une réinfection se situe entre 10% (0,33²) et 25% (0,5²). Il faut donc multiplier par au moins 4 le nombre total de réinfections indiqué par le rapport, et probablement nettement plus puisqu'il ne tient pas compte des infections de 2020.
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