Réflexion méta :
Ce qui me chagrine dans ce genre de vulgarisation, y compris mon message précédent, est que cela maintient et même renforce ce que j'appelle "l'illusion de l'espace".
La cosmologie basée sur la RG parle de l'espace-temps, et une révolution apportée par la relativité générale (et déjà en place avec la relativité restreinte) est qu'on ne peut pas séparer espace et temps. Or c'est exactement ce que l'on fait en parlant de "l'espace", avec un article défini, en le présentant comme unique et (donc) ne dépendant pas du temps. Dans une phrase comme "toujours aller tout droit", il y a une image temporelle, alors que par ailleurs on laisse penser à un espace "statique". Ce qui n'est pas une propriété des modèles retenus actuellement.
Ce problème de l'illusion de l'espace se manifeste de différentes façons. Une, directement en rapport avec la question du fil, est de penser (ou laisser penser) que "spatialement plat" s'oppose à "spatialement courbe". Or ce n'est pas correct : l'espace-temps de de Sitter est, si je comprends bien, les deux à la fois, aussi bien spatialement plat que spatialement courbe (et ce aussi bien avec courbure positive que courbure négative). Cela vient de ce qu'on peut choisir ce qu'on appelle "espace", sans qu'aucun argument ne permette de forcer le choix. Que peut alors bien signifier "forme de l'Univers" ?
Un modèle spatio-temporel avec expansion amène un autre exemple avec "toujours aller tout droit" : si l'espace s'expand métriquement suffisamment "vite", on peut imaginer un modèle spatial avec bord (limité) tel qu'on puisse "toujours aller tout droit sans rencontrer de limite" si la limite s'éloigne plus vite (à cause de l'expansion) que la vitesse de "aller", limitée par la vitesse de la lumière.
Je pourrais citer d'autres effets de l'illusion en question, comme par exemple la notion de "taille de l'Univers visible".
Cela me gène de participer à ce maintien de l'illusion de l'espace, et tout autant de le laisser faire. Dilemme...
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