Bonjour
Je suis arrivé ici en googlant et ceci est mon premier post .
Pour me situer , je suis physicien et actif en QFT (Quantum Field Theory).
Pendant longtemps j'ai suivi ces histoires climatiques d'un oeil assez distrait et plutot en citoyen , notamment à travers Kyoto qui m'a toujours semblé une belle bêtise économique .
Néanmoins ce qui me laissait un certain malaise était cette espèce d'hystérie avec laquelle les médias et certains scientifiques se précipitaient pour "lyncher" toute personne dès qu'elle exprimait une opinion contraire à la thèse politiquement correcte du RC antropique .
Puis j'ai vu le brûlot d'Al Gore et devant tant d'inepties scientifiques qui semblaient être applaudies par le public (il a même eu un prix Nobel !) , je me suis intéressé au sujet lui même plus en profondeur .
Pour le thème de ce fil j'ai 2 commentaires .
1) Le climat chaotique
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L'excellent article de M. Revault d'Allones cité ici dit l'essentiel .
Les équations de Navier Stokes et la turbulence sont chaotiques et conduisent à une imprédictibilité structurelle à toute échelle spatio temporelle .
Il y a un papier de Ruelle et Takens très connu qui prouve que la turbulence est chaotique dans un cas général .
Ceci n'est bien sûr une surprise pour personne qui regarde les prévisions météo .
Un peu comme le principe d'incertitude de Heisenberg , la nature chaotique de la turbulence interdit toute prédictibilité exacte de la dynamique de l'atmosphère (hydrosphère d'ailleurs également) .
Or le climat étant défini comme une moyenne temporelle des paramètres dynamiques du système , peut-il etre prédictible ?
Ce problème est analogue au RANS (Reynolds Averaged Navier Stokes) où on cherche précisément à contourner la difficulté de N-S en remplaçant les variables exactes par la somme de leur moyenne temporelle et d'une fluctuation (aléatoire ou pas) .
Comme le dit M.Rd'A , le problème ne se simplifie pas - au contraire il empire .
Il y a apparition d'une grandeur tensorielle (6 variables supplémentaires) qu'on ne sait pas bien interpréter physiquement et pour lesquelles il n'y a de toute façon pas 6 équations supplémentaires .
Le problème est donc non seulement insoluble dans un cas général mais le comportement demeure chaotique - la moyenne temporelle a uniquement filtré arbitrairement les ondes de haute fréquence lesquelles sont de toute façon revenues via le tenseur de Reynolds .
Peut-on s'asseoir dessus et faire comme si N-S n'existait pas ?
Bien sûr que non car N-S non seulement contraint les évolutions du système en interdisant certaines trajectoires mais il gouverne la dissipation d'énergie (le comment mais aussi le combien) ce qui empêche d'utiliser p.ex la conservation d'énergie seule pour essayer de trouver un état final sans connaitre la trajectoire .
Cela a été déjà mentionné ici - le climat aux échelles temporelles qui nous intéressent est probablement beaucoup plus influencé par des phénomènes pseudo périodiques ENSO , NAO etc dont les interactions non linéaires dominent les transferts d'énergie à ces échelles .
J'ai lu parfois un argument bizarre que "les phénomènes multidécadaux ne comptent pas puisque ce ne sont que des modalités de redistribution /transfert d'énergie ."
Avec un tel argument "l'effet de serre" n'existerait pas non plus
Last but not least - le climat étant sans doute chaotique , peut-on dire quelque chose sur son attracteur pour au moins situer sa topologie dans l'espace des phases ?
Hélas non .
D'une part il n'y a aucune étude dans cette direction , les gens préférant apparemment engouffrer des milliards dans des ordinateurs qui n'ont encore jamais rien inventé .
Ensuite il y a un gros hic technique - on ne connait pas le système d'équations qui gouvernent le climat et la structure d'un attracteur (en fait ici il y en aura probablement plusieurs) est très mal accessible aux méthodes stochastiques puisque le chaos déterministe n'est pas équivalent à un phénomène aléatoire (cf coefficients de Hurst) .
Transfert radiatif
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Je ne me suis pas encore assez familiarisé avec la théorie classique de la thermodynamique radiative même si je doute qu'elle soit bien pertinente dans un domaine complètement dominé par MQ .
Mais je suis surpris de voir qu'il y a 2 phénomènes dont on ne semble jamais parler .
1) N2 et O2 absorbent dans l'infrarouge . Cela est dû aux collisions qui induisent un moment dipolaire et quadripolaire . C'est dans l'infrarouge plus lointain donc il se peut que cela ait un impact faible . Encore faudrait il le montrer .
2) Aux températures où on est , les molécules de CO2 sont en gros dans leur état fondamental . C'est pour cela d'ailleurs qu'on néglige l'émission stimulée . Celles qui sont vibrationnellement excitées sont (en petit nombre) surtout dans le mode bending qui est triplement dégénéré .
Ce mode correspond à la bande de 15µ .
La section efficace d'absorption pour ce mode est élevée tout comme le nombre de molécules de CO2 comparées au nombre de photons 15 µ donc tout photon à 15 µ qui passe est absorbé .
Le temps de relaxation est élevé par rapport au temps moyen entre collisions donc ces photons ne sont pratiquement jamais réémis ce que montre bien le spectre avec une extinction totale autour des 15µ dès les 1ers mètres .
Où est donc passée cette énergie puisqu'il faut bien que la proportion des molécules excitées reste constante à l'équilibre ?
Cette énergie a été en fait transférée collisionnellement aux autres molécules donc essentiellement N2 et O2 .
Or la seule chose que ces autres molécules peuvent en faire est de la rerayonner thermiquement puisqu'elles n'ont pas de bande d'émission .
Alors finalement notre photon de 15µ s'est trouvé "étalé" sur N molécules ayant subi des collisions et rayonné sur tout le spectre continu selon la loi de Planck .
Accessoirement cette augmentation d'énergie de la masse des gaz conduit à la convection mais je reste dans du purement radiatif pour l'instant .
Le hic , et j'en suis là , c'est que je ne vois pas du tout d'où vient cette formule non MQ qui donnerait une dépendence logarithmique à la concentration de CO2 .
Il me semblerait plutot que tout photon à 15µ devrait disparaitre assez rapidement du paysage au fur et à mesure qu'on monte ce qui fait que tout CO2 qui est en altitude devient transparent au rayonnement qui serait par définition en dehors de ses bandes d'absorption .
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