Il a déjà été dit à plusieurs reprises dans cette discussion que l'exposition a certains pesticides était un facteur de risque avéré pour les agriculteurs qui utilisent ces produits donc en sortant ces situations tu ne fais que redécouvrir la roue. Le problème est que tu amalgames cela avec un éventuel risque pour la santé publique. Or pour avoir discuté avec des chercheurs impliqués dans ces études sur l'exposition des agriculteurs aux pesticides (dont Isabelle Baldi qui a contribué aux résultats que tu cites) il faut prendre conscience du niveau réel et parfois énorme d'exposition de ces travailleurs, exposition qui n'a rien à voir avec l'exposition du reste de la population suite à la consommation de produits végétaux.
Au passage on sait très peu de choses sur l'effet cocktail, même s'il est raisonnable de penser qu'il existe. En toxicologie plus classique on connaît parfaitement divers d'exemples d'interactions entre toxiques, souvent aboutissant à une augmentation de la toxicité... mais parfois aboutissant à sa diminution (rien de paradoxal si on connaît un peu de biochimie) ! Donc agiter l'effet cocktail comme un épouvantail dont on est absolument sûr... mais dont on ne sait absolument pas s'il a un impact significatif sur le public, cela me paraît un argument tendancieux appelé à charge alors qu'il est encore hypothétique.
Je ne minimise pas ce problème et il faut multiplier les recherches sur cette question dont l'étude est difficile et très complexe. En attendant il ne faut pas faire dire à cet argument plus de choses qu'on en sait.
Le seul gros problème de santé publique actuel est celui de l'utilisation du chlordécone et d'autres organochlorés, comme le HCH, dans les bananeraies. Précisons qu'il est interdit depuis 1993 mais que sa rémanence sur de très longues durées dans les sols en fait encore un sujet d'actualité dans les départements d'Outremer concernés. L'origine de l'exposition du public est double : d'une part le réemploi du terrain d'anciennes bananeraies pour des activités agricoles diverses, en particulier (et c'est un gros problème) la culture de légumes-racines ; d'autre part son passage dans la nappe phréatique où est puisée l'eau de consommation. Je sais qu'à certains endroits on a implanté dans les stations de traitement d'eau potable des filtres à charbon pour le piéger mais je ne sais pas si cela a été fait partout.
Tout ceci pour arriver à ce qui sera mon point final : l'essentiel de cette discussion n'a rien à voir avec l'utilisation du glyphosate sur les cultures de certains OGM... qui je le rappelle n'existent pas en France.
Donc si quelqu'un d'autre a des choses à dire sur le glyphosate utilisé dans ces cultures il est le bienvenu... et s'il n'a rien à dire qu'il se taise à jamais.
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