Le point aveugle de ces discussions est qu'on oublie que l'impact final sur les émissions de CO2 dépend d'un point crucial mais en général ignoré : celui de savoir si leur fin (inévitable de toutes façons) se fera à cause d'une fin de la demande ou d'une fin de l'offre.
Je m'explique : si c'est une fin de la demande, alors ça veut dire qu'à un moment dans le futur, on aura trouvé le moyen de s'en passer, et qu'on les laissera sous terre parce qu'on n'en a plus besoin. Il est probable que ce moment sera hâté par la mise en place d'alternatives bon marché, qui ont le double avantage de remplacer à l'instant t les fossiles, et de rapprocher le moment où on s'en passera. Dans ce cas, il y aura bien un gain net et une économie de fossiles réalisée, donc un impact sur le climat. Dans ce scénario (en y mettant un tout petit peu d'économie ), le prix des fossiles devrait s'effondrer par manque de demande et on arrêtera de les produire parce que ça ne sera plus rentable (pas assez cher ). C'"est le scénario implicitement supposé dans la "transition énergétique".
Mais si c'est une fin de l'offre, ça veut dire qu'on n'a pas trouvé ce moyen, et que les fossiles vont décroitre non pas parce qu'on n'en a plus besoin, mais parce qu'ils seront de plus en plus difficiles à extraire. Dans ce cas au contraire ils deviendront de plus en plus chers et c'est leur prix élevé qui finira par décourager les acheteurs (en provoquant très probablement appauvrissement et crises économiques) . Mais là, il est très improbable qu'on arrête de extraire avant ce point là, qui arrivera de toutes façons quand les fossiles conventionnels seront épuisés ... et donc pour toujours la même quantité produite à la fin. Les "économies" instantanées n'auront pas pour effet de diminuer la concentration finale en CO2, mais de retarder le moment où elle sera atteinte (ainsi que la date d'épuisement des fossiles). Et donc les conséquences climatiques seront les mêmes à la fin, car elle dépendent très peu du scénario d'émission pour une quantité globale donnée. Autrement dit les "alternatives" n'auront pas d'effet sur la situation finale, ils ne joueront que sur le temps qu'on met à l'atteindre. Et vu les ordres de grandeurs en jeu, il est probable que ce décalage temporel sera en fait imperceptible (de l'ordre de quelques années sur un siècle...).
On peut espérer être dans le premier scénario, mais la situation actuelle semble plutôt être caractéristique du deuxième (en particulier la recherche constante de nouvelles ressources fossiles de plus en plus chères).
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