Bien que pas totalement béotien sur le sujet et malgré une lecture assez assidue de Pour la science, je reste un amateur débutant dans la compréhension de la mécanique quantique et, j'imagine que comme pour tous ceux qui s'y intéressent un peu, nombre de questions me tarabustent.
C'est justement dans Pour la science que sur l'article de Serge HAROCHE (prix Nobel de physique en 2012 dans l'avant propos au numéro du dossier n° 93 d'octobre 2016 que la phrase suivante m'a posé question.
"Pour la plupart des physiciens, il n'y a pas de véritable question, puisque le formalisme permet de faire des prédictions précises en accord avec les résultats de toutes expériences faites à ce jour. Et le fait que ces prédictions sont non déterministes ne constitue pas pour eux un problème puisqu'un ensemble d'observations réalisées sur des systèmes identiques donne toujours une distribution de résultats aléatoires, régis par les lois statistiques formulées par la théorie quantique. En d'autres termes, pour la majorité des physiciens, la théorie quantique est statistique parce que la nature l'est fondamentalement. D'autres en revanche n'acceptent pas CE HASARD qu'ils tentent de dépasser pour décrire une réalité objective".
C'est cette idée de hasard qui me pose question. Un phénomène statistique est-il nécessairement le fruit du hasard ? Un phénomène statistique est, semble-t-il régi pour le moins par les lois... statistiques, mais peut-être aussi par le rapport mouvant qu'entretiennent un phénomène et son environnement dans la réalité "perceptible", fût-elle du fait d'un appareillage sophistiqué. En cela, le probabilisme ne viendrait pas du fruit du hasard, mais du fait de la perpétuelle variation de ce rapport.
Du coût, l'idée m'est venue que, par exemple, la gravitation que l'on cherche à rendre quantique ne le serait pas par essence parce qu'elle est une façon de percevoir ce rapport entre le phénomène et un espace donné qui se "réduit" à la base de notre entendement une "intuition pure a priori de l'espace et du temps" comme dirait Kant.
Je ne sais pas ce qu'est le réel, et j'ai le sentiment que personne ne le sait vraiment parce qu'il me semble que la réalité dépasse de très loin nos capacités de perception, d'appréhension et de conceptualisation du réel. En cela, ne nous posons-nous pas une mauvaise question en abordant l'analyse de nos découvertes physiques et mathématiques sous l'angle d'une... réalité réelle. Avons-nous réellement les moyens d'affirmer sans mettre avant tout à cette affirmation la limite de notre réalité ?
Lorsque je contemple avec mes humbles moyens l'éventail du réel et de ce que l'on en découvre, il m'apparait parfois que tout cela n'est dans le fond qu'une tentative, admirable, incroyable, pleine d'émerveillement et de génie, mais, néanmoins, qu'une tentative de croire que l'on est mesure de comprendre et de contrôler la réalité et que la leçon n'est en fin du compte que la seule chose que l'on peut comprendre est que cela nous échappe.
Si je viens discuter de cela aujourd'hui, c'est pour deux raisons.
La première est que j'en ai marre d'entendre discuter d'e-learning, de marketing, et de tout ce qui rend le monde professionnel dans lequel j'évolue comparable à la start up nation, à la nécessité d'être un winner et à tout ce genre de chose. D'autre part, c'est parce que cela fait au fond plusieurs dizaines d'années que j'y pense (à ma façon), et que je me demande si je ne pense pas un truc... (pardonner l'expression) complètement con.
En remerciant par avance ceux qui donneront un peu d'attention à cette diatribe.
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