Au moyen-âge, lors des débats universitaires, il convenait à l’auteur de la question de conclure la disputatio par la determinatio. Je vais m’y risquer.
Le message qui m’a mis sur la piste d’une réponse possible à la question posée, malheureusement je n’en retrouve pas l’auteur, disait à peu prés ceci, « n’est ce pas plutôt une opposition à Monsanto qu’aux OGM ».Enfin, après tous ces échanges sur le forum, il y a eu un débat à la télévision entre Colline Serreau d’un côté à qui l’on doit un film culte du cinéma français et de l’autre Jean-Didier Vincent biologiste et François Dagognet, philosophe, médecin, chimiste professeur au collège de France, tout deux auteurs d’ouvrages remarquables sur la biologie, l’épistémologie et la bioéthique. Nul ne contestera que nous avions sur le plateau des cerveaux bien fait, leurs œuvres parlent pour eux et pourtant… et pourtant nous n’avons pas assisté à une disputatio argument contre argument mais à un échange au cours duquel chacun avançait ses arguments sans répondre aux arguments de l’autre.
A travers ce qui est apparu sur le forum et d’autres lieux à propos de ce débat, j’ai essayé de repenser le problème qui fait polémique en tentant d’échapper au détail. Il est évident , pour paraphraser un discours célèbre d’il y a un demi siècle, que ce débat à une apparence évidente mais qu'il a une réalité profonde trés différente.
L’apparence c’est ce débat tant de fois programmé dans les médias depuis 25 ans ,ce débat qui nous est présenté comme une opposition entre un positivisme scientifique volontariste et un obscurantisme passéiste.
Mais ce débat cache une réalité profonde tout autre. Ce débat est le fruit du scepticisme ambiant. Scepticisme quand à l’indépendance du pouvoir politique des grands groupes financiers. Scepticisme quand aux limites de l’éthique des principaux maitres d’œuvres industriels de la mise sur le marché de ces technologies, Monsanto pour ne nommer que le plus médiatique. Scepticisme quand à la capacité de l’humain à connaître le réel, scepticisme entretenu par les divisions de la communauté scientifique elle-même.
Ce débat est-il sans espoir ? Non, on peut penser que, si comme cela se profile, un groupe de travail sur la biodiversité similaire au GIEC se crée, celui-ci devra obligatoirement aborder la question des OGM. Mais il ne faut pas se faire d’illusions, même si un tel groupe arrive à une conclusion irréfutable, il y aura des scientifiques en mal de notoriété médiatique pour s’y opposer, entretenir encore longtemps le débat télévisé, et nourrir une opposition basée sur des principes irrationnels.
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