Et si nous essayions de résumer un peu des différentes interprétations que nous connaissons ?
Je me lance, apportez des corrections si je fais des erreurs.
Reprenons l'exemple de l'atome d'hydrogène qui est issu du big bang et qui est parvenu jusque dans notre verre d'eau.
Quelle a été son extension spatiale au cours de son histoire ?
Interprétation, disons de Copenhague, ou positiviste : on n'en sait rien, car nous n'étions pas là pour la mesurer.
Interprétation d'Everett (dite des mondes multiples, ou encore des états relatifs) : son extension spatiale a été et reste gigantesque, car il occupe en réalité, bien qu'on ne puisse pas le voir, toutes les positions qu'il a été ou aurait été susceptible d'occuper, et a parcouru toutes les trajectoires qu'il a été susceptible d'emprunter, qui l'ont mené aux quatre coins de l'univers.
Interprétation de Rovelli : ça dépend du point de vue de qui. L'extension spatiale est une grandeur subjective. Elle n'appartient pas à l'atome d'hydrogène seul.
Interprétation transactionnelle de Cramer : son extension spatiale a pu varier selon son état quantique. Grande lorsqu'il était en superposition par rapport à l'observable position, petite lorsque son vecteur d'état était proche d'un vecteur propre de l'observable position.
En gros, que disent ces interprétations sur la mesure quantique ?
Copenhague : la fonction d'onde sert à calculer les résultats possibles d'une mesure. Elle ne décrit pas spécialement la réalité.
Avant la mesure, qui peut donner par exemple soit le résultat a, soit le résultat b, on décrit notre système à l'aide d'un vecteur d'onde qui vaudra par exemple
Lors de la mesure, la règle dit qu'il y a une probabilité 1/2 d'obtenir a, et une probabilité 1/2 d'obtenir b. La mesure peut être considérée comme instantanée.
a et b peuvent être deux positions différentes dans l'espace, par exemple. Ce sera alors une mesure de position qui nous dira si la particule est au point a ou au point b, sachant qu'au départ, elle était délocalisée sur les points a et b. Mais le principe de superposition, qui est ici l'addition des deux vecteurs, reste le même si a et b sont deux orientations de spin, ou deux polarisations de photons, comme c'est le cas dans les expériences EPR.
Everett : une mesure, c'est l'intrication notre esprit avec le système mesuré.
Avant la mesure, le système est dans l'état
On ne considère plus ici qu'il s'agit d'une méthode de calcul. C'est une description de la réalité.
Si on emploie le produit tensoriel noté pour écrire la juxtaposition de deux choses, comme une particule et un appareil de mesure, alors on notera
la particule dans l'état a, mesurée par un appareil M indiquant a, lu par un observateur O ayant vu l'appareil indiquer a.
Après la mesure, d'après Everett, on obtient
On retrouve bien les résultats de l'interprétation de Copenhague, car nous ne pouvons être que Oa, ou Ob, et chacun de ces deux résultats est bien en produit tensoriel avec les vecteurs a et b respectivement. Ce qui veut dire que nous observons la particule dans l'état a lorsqu'elle est dans l'état a, dans l'état b lorsqu'elle est dans l'état b.
Rovelli : Les différentes descriptions sont équivalentes, et sont des représentations de la réalité selon différents point de vue.
Avant la mesure, si on part d'un état vu comme
Alors après la mesure, du point de vue de l'appareil, la particule passe soit dans l'état , soit dans l'état , comme dans l'interprétation de Copenhague.
Par contre, du point de vue de l'observateur, c'est différent. Pour lui, l'appareil s'intrique avec la particule. Les deux aboutissent donc dans l'état
La lecture du résultat indiqué par l'appareil constitue une seconde mesure quantique. L'observateur fait "une mesure" de l'état de l'appareil de mesure. Alors, toujours du point de vue de l'observateur, la particule (et l'appareil), sera soit dans l'état a, soit dans l'état b. On retouve donc finalement les mêmes observations quà Copenhague et chez Everett.
Cramer
La description de Copenhague est considérée comme une description de la réalité. Le fait que la mesure soit instantanée est expliquée en interprétant la notion d'antiparticule comme une particule qui remonte le cours du temps. Ainsi, par le biais de paires de particules virtuelles aparaissant spontanément dans le vide, une interaction peut se propager plus vite que la lumière, la causalité effectuant des zig-zags dans le diagramme espace-temps vers le passé et le futur, sans sortir des cônes de lumière autorisés par la relativité, mais tout en conservant une progression moyenne horizontale, c'est-à-dire instantanée.
Avant la mesure, on a
Après la mesure, on a instantanément
ou
Quelles contraintes font peser les expériences EPR sur ces interprétations ?
Je suis en train de préparer une analyse de la question, mais c'est pas de la tarte !
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