Dans les quelques discussions que j'ai suivies, j'ai souvent remarqué que la plupart des intervenants considéraient comme allant de soi le fait que les représentations mathématiques des descriptions physiques étaient suffisamment explicites en elles-mêmes pour pouvoir se passer de plus de précisions, voire étaient même confondues avec le fait naturel qu'elles étaient sensées représenter. Il est cependant tout à fait aussi clair dans l'esprit de ces mêmes personnes, que la physique n'est absolument pas à confondre avec la science mathématiques pure, et que donc elle doit être scientifiquement autre chose. Or, il apparaît que le seul langage formel que la physique utilise sont les mathématiques. Selon moi, cette situation est pour le moins curieuse et il me semble tout à fait étonnant que la physique n'ait jamais éprouvé le besoin de se forger un langage propre qui lui permette sans ambiguité de préciser quels sont les concepts, hypothèses et postulats associés aux objets mathématiques qu'elle utilise pour lui permettre de modéliser et théoriser le fait naturel.
Un exemple tout bête : si nous voulons modéliser l'espace qui nous entoure, ce que nous nous en représentons comme étant un environnement possédant une largeur, une hauteur et une profondeur, il est d'usage d'utiliser trois variables indépendantes à valeur sur le corps des réels, avec lesquelles nous allons former un espace vectoriel. Cet usage est tellement ancré dans la pratique physique depuis des siècles que certains ne voient aucune différence entre la représentation mathématique et le fait naturel tel qu'il s'expose à notre conscience. Pourtant, si nous voulons par ailleurs étudier la variation de la masse de la banane au cours du temps et en fonction de la température, nous allons également utiliser un espace vectoriel à trois dimensions, en tout point isomorphe à celui que nous utilisons pour représenter note espace de tous les jours.
Il m'apparaît donc tout à fait évident, à la lumière de cet exemple simple, qu'à l'objet mathématique il faille également superposer une information sémantique dont la fonction serait de permettre aux physiciens de définir une grammaire conceptuelle qui soit exempte d'approximation et débarassée des croyances et convictions métaphysiques, pour ne retenir de celles-ci que la valeur d'hypothèses à confronter avec l'expérience.
Et vous, qu'en pensez-vous ? Je vous propose ce sondage pour formuler votre opinion.
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