Salut,
Archi3, tu interprètes mal les résultats de cette publi. Il ne s'agit pas d'incidence, mais du pourcentage de l'échantillon testé ayant des anticorps contre le SARS-Cov-2, donc ayant pu être infecté entre plusieurs semaines et plusieurs mois auparavant.
Des prélèvements sont faits au fil de l'eau sur une partie de la cohorte de 200000 participants (environ 500 par semaine, un peu plus de 2000 par mois). Si par ex. on trouve 40 des prélèvements faits en novembre 2019 positifs aux tests sérologiques, en supposant que l'échantillon soit représentatif de la population cela signifie que environ 2% de la population possède des anticorps et a donc rencontré le virus précédemment; mais "précédemment" peut vouloir dire N mois plus tôt. Si ce pourcentage n'évolue pas d'un mois sur l'autre, cela veut dire que l'incidence est proche de zéro, pas qu'elle est de 2% !
Bien sûr il faut tenir compte des barres d'erreur, forcément importantes vu le faible nombre de prélèvements positifs (ce qui explique que ce pourcentage peut baisser, comme entre novembre et décembre).
Ce n'est pas les résultats de la publication qui sont "bizarres", c'est la manière dont ils sont présentés (y compris par moi quand j'en ai parlé) : faute d'avoir analysé les prélèvements des mois précédents, on ne peut pas affirmer avec certitude que le virus circulait en novembre (surtout que, aux barres d'erreur près, la prévalence ne progresse pas entre novembre et décembre), mais seulement qu'il avait probablement circulé dans une période antérieure.
Les indices qui vont dans le sens d'une circulation du virus en octobre/novembre 2019 sont d'une part l'augmentation de la prévalence fin décembre / début janvier, d'autre part le fait qu'une partie des prélèvements positifs effectués entre novembre et janvier correspondent à des participants ayant eu des symptômes compatibles avec le Covid-19 ou ayant été en contact avec une personne présentant ces symptômes. Mais si tu regardes de plus près la table 1 (Participants with positive ELISA-S and positive SN on blood samples collected between November 2019 and January 2020), la date de ces symptômes est antérieure d'au moins un mois à celle du prélèvement.
C'est aussi cela qui explique qu'on ne voit pas de forte progression en mars 2020, l'étude s'arrêtant à mi-mars : les infections de la première quinzaine de mars ne peuvent donner lieu à une positivité aux tests ELISA + SN qu'après la mi-mars.
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