Salut,
Ci-dessous l'évolution du nombre quotidien d'admissions à l'hôpital en France métropolitaine, en moyenne glissante sur les 7 derniers jours (source).
On est toujours sur une décroissance, étonnamment proche d'une exponentielle.
Cela peut effectivement masquer une remontée de l'incidence, comme au début de l'été 2020, si celle-ci commence chez les jeunes, dont le risque d'hospitalisation est très faible. Selon les données hospitalières par tranches d'âge, ce n'est que parmi les 20-29 ans que le nombre d'admissions a cessé de baisser, ou même augmente mais de manière peu significative : en moyenne sur 7 jours, il est passé de 6,0 à 6,9 sur les 10 derniers jours.
C'est dans cette tranche d'âge que le taux de vaccination complète est aujourd'hui le plus faible : selon https://covidtracker.fr/vaccintracker/, 46% des 18-29 ans ont reçu leur première dose mais seulement 20,5% ont reçu la deuxième et sont bien protégés contre l'infection par le variant delta (cf. les données anglaises plus haut dans cette discussion). Globalement, en comptant les non vaccinés déjà infectés, le taux d'immunité des 20-29 ans doit être inférieur de 10 points à celui de 30-49 ans, et encore plus à celui des plus âgés dont la couverture vaccinale complète atteint 57% pour les 50-64 ans et 76% pour les 65+.
Dit autrement, la part de la population susceptible d'être infectée est de ~50% chez les 20-29 ans au lieu de ~40% chez les 30-49, ~30% chez les 50-64 et ~20% chez les 65+, soit à comportements équivalents, 1,25 fois plus de contaminations de 20-29 ans que de 30-49. Et effectivement, si on calcule R(t) tranche d'âge par tranche d'âge, on obtient aujourd'hui ~1,05 pour les 20-29 ans et ~0,85 pour les 30-49.
Mais c'est aussi parmi les 18-29 ans que le taux de vaccination va progresser le plus rapidement dans les prochaines semaines : début août 25% de plus seront complètement vaccinés et, si la tendance actuelle se poursuit, leur taux de vaccination devrait atteindre ~55% en septembre, et leur taux d'immunité (incluant les infectés) ~75%.
Bref il n'y a peut-être pas encore lieu de s'alarmer.
Sauf que pour le moment on ne voit pas encore l'effet des vacances d'été, qui en 2020 ont été le vrai point de départ de la deuxième vague. Si R augmente de 30% dans les prochaines semaines (comme en juillet 2020), l'augmentation de la couverture vaccinale ne sera pas assez rapide pour éviter une vague de contaminations, surtout parmi les jeunes (18-29 ans pas encore assez vaccinés et <18 ans pratiquement pas). Mais celle-ci devrait donner lieu à 5 fois moins d'hospitalisations que si elle se produisait dans une population entièrement non vaccinée. Même avec R=1,3 pendant les deux prochains mois, conduisant à une multiplication par 10 du nombre de nouveaux cas, en septembre on sera encore loin de la saturation des hôpitaux (bon, faudrait pas que R atteigne ou dépasse 1,5, en tout cas pas durablement).
La suite dépendra largement du niveau atteint par la couverture vaccinale, en particulier chez les moins de 50 ans. Espérons que la vaguelette à laquelle il faut s'attendre cet été motive encore plus de gens à se faire vacciner. Après tout il n'y a paraît-il que 15% de "vrais" antivax; si les hésitants (ou négligents) finissent par basculer du bon côté, le taux de vaccination des adultes pourrait dépasser 80% (plus une partie des ados). Ajouté à l'immunité post-infection d'une petite moitié des non vaccinés, ça suffirait à faire retomber la vague.
-----