Après ma réponse à papy-alain, je reprends le fil de mes messages précédents...
3) Si on regarde plus précisément les données concernant les 20-29 ans, la baisse du taux de croissance de l'épidémie peut être essentiellement imputée à la vaccination (même si l'extension du passe sanitaire aux salles accueillant plus de 50 personnes, dont les boîtes de nuit etc., dès le 21/7 a pu donner un coup de pouce. Mais le taux de croissance du nombre de cas avait nettement commencé à baisser avant le 27/7, date au plus tôt à laquelle cette mesure a pu avoir un impact, compte-tenu du délai d'incubation).
En 7 semaines entre mi-juin et début août leur taux de vaccination complète est passé de moins de 10% à plus de 50%, soit une augmentation moyenne de 6% par semaine. En tenant compte du nombre d'immunisés post-infection (qui n'a augmenté que de 5%, les infections depuis mi-juin ne représentant qu'une petite fraction du cumul depuis début 2020), la population encore susceptible de contribuer à la circulation du virus est passée de 60% à 30% des 20-29 ans. Cela suffit à expliquer une division par 2 du nombre de reproduction, à peu près ce qu'on observe.
4) La bonne nouvelle, c'est que l'impact de la vaccination sur l'évolution du nombre de cas parmi les moins de 50 ans jusqu'à aujourd'hui n'est déterminé que par le taux de primo-vaccinés avant le 12 juillet (complètement vaccinés aujourd'hui).
Après le 12 juillet, le nombre de primo-vaccinations (qui augmentait de plus en plus lentement dans les semaines précédentes) est fortement reparti à la hausse. En particulier le taux de primo-vaccination des 18-29 ans est passé de 52% le 15/7 à 75% quatre semaines plus tard. Mais cette augmentation aura surtout un impact après la mi-août. Par conséquent (et l'extension du passe sanitaire aux restaurants et bars n'y sera pas pour grand-chose...), la baisse du nombre de cas parmi les jeunes devrait se poursuivre jusqu'en septembre.
à suivre...
Je poursuis la série de message ci-dessus.
5) Mais, si le taux de croissance du nombre de cas est clairement négatif chez les 20-29 ans et proche de 0 chez les 10-19 ans, cela n'est pas vrai pour les autres tranches d'âge. Le graphique ci-dessous montre que ce taux de croissance augmente avec l'âge (l'exception des 10-19 ans pouvant s'expliquer par le fait que 20% d'entre eux ne sont pas éligibles à la vaccination et celle des 0-9 ans par le fait qu'ils ne sont pas vaccinables). Mais il y a une explication logique : la vaccination a été ouverte plus tôt aux plus âgés, puis par étapes à des personnes de moins en moins âgées. C'est donc parmi les moins âgés que le taux de vaccination complète augmente le plus rapidement, et que la diminution du nombre de non-vaccinés contribue le plus à faire baisse le taux de croissance du nombre de nouveaux cas (cf. l'explication donnée au point 3 ci-dessus).
Au vu des courbes, sans l'impact de l'augmentation du nombre de vaccinés, ce taux de croissance serait plutôt de 20 à 30% par semaine. Pour les plus de 80 ans, les premiers vaccinés, il est possible qu'on commence à voir un effet d'une baisse de leur immunité, mais surtout ils sont globalement moins vaccinés (79% complètement vaccinés) que les 70-79 ans (91%). Autrement dit, parmi les 80+ la population susceptible d'être infectée est proportionnellement deux fois plus importante que parmi les 70-79, et aussi importante que parmi les 50-69 dont le taux de vaccination continue d'augmenter rapidement.
D'autre part il peut y avoir un effet retard entre les courbes des plus jeunes et celle des plus âgés, si on suppose que ce sont essentiellement les premiers qui contaminent les seconds.
à suivre...
6) Quoi qu'il en soit, en excluant le cas particulier des 80+, on peut considérer que le taux de croissance du nombre de cas dans les tranches d'âge dont le taux de vaccination a peu augmenté (ou pas du tout pour les moins de 10 ans) dans la deuxième quinzaine de juillet, est représentatif du taux de croissance du nombre de cas parmi les non vaccinés. Actuellement ce dernier serait donc plutôt d'environ 30% par semaine, correspondant à Reff=1,24 pour un intervalle de génération tg=5,7 jours ou Reff=1,11 pour tg=2,9 j (pour en revenir au sujet de cette discussion).
Cela dans une population immunisée à 70%, mais dont un immunisé risque de contribuer à la circulation du variant delta. Si ce risque est réduit de 85% par rapport à celui d'un non-immunisé placé dans les mêmes conditions, pour la dynamique de l'épidémie c'est équivalent à un taux d'immunité de 60% protégeant totalement de l'infection. Sans cette immunité on aurait donc Reff=3,1 pour tg=5,7 j et Reff=2,8 pour tg~2,9 j.
Ce n'est donc pas ça qui permettra de trancher entre les deux hypothèses concernant la transmissibilité du variant delta, celle d'un tg(delta) identique à celui des autres variants associé à un R0 nettement plus élevé (7 à 10), et celle d'un tg(delta) environ deux fois plus faible associé à un R0 peu supérieur à celui de la souche historique.
PS : désolé pour ce long soliloque, auquel je mets fin pour le moment.
Mais écrire (et lire vos réactions éventuelles) m'aide à réfléchir, même si en l'occurrence cette réflexion ne m'a pas mené bien loin...
Bon (façon de parler), c'était c'était juste un creux.Un truc que j'ai remarqué ce soir en regardant l'appli tousanticovid, c'est que le delta a du mal a bousculer le sud-af à La Réunion ( on peut avoir des infos détaillées pour le département déclaré (qu'on peut changer à volonté pour en explorer rapidement d'autres )
Alors est-ce juste un creux dans la courbe de croissance hégémonique du delta ou va-t-on vers un équilibre entre les 2 variants? Aucune idée...
Le delta progresse inexorablement... Même si le sud-af met du temps à disparaître, il n'est plus qu'à 20%...
Jusqu'ici tout va bien...
Un article dans Le Monde aujourd’hui (réservé aux abonnés) signalant un papier dans "The Lancet Infectious Diseases " du jeudi 26/8/2021. L'étude a été faite par des équipes de l’université de Cambridge qui ont analysé les données de 43 338 personnes.
Selon Le Monde :
"... le variant Delta entraîne deux fois plus de risque d’être hospitalisé que la souche Alpha. Fait notable, 98 % des patients testés positifs à l’un de ces variants n’étaient pas ou incomplètement vaccinés."
Salut,
voici le lien vers l'article du Lancet : https://www.thelancet.com/journals/l...475-8/fulltext
Le Danemark annonce la levée de toutes les mesures pour le 10 septembre
https://www.lefigaro.fr/flash-actu/c...embre-20210827
c'est un pays intéressant : il n'a pas réussi le "zéro covid", mais a quand même bien limité les dégats : seulement 2500 morts pour 5,8 millions d'habitants, environ 4 fois moins que la France proportionnellement. Il n'a pas l'air d'avoir connu une flambée de variant delta, même si les contaminations continuent à se produire à bas bruit, avec un R de l'ordre de 1. Le taux de vaccination est très bon par rapport à la moyenne, de l'ordre de 70 %.
Lever les mesures peut etre donc considéré comme un peu risqué, mais l'épidémie réserve toujours des surprises. Tres probablement, en plus du bon taux de vaccination, ce sont les modes de vie de la population qui doivent expliquer la faible propagation, on peut supposer que la vie nocturne n'est peut etre pas la même qu'aux Antilles ou sur la cote d'Azur.
Dans l'ensemble d'ailleurs, je trouve qu'autant il y a des études sur les propriétés du virus, les variants, la contagiosité, la létalité, autant on a peu d'information sur l'impact des conduites des populations sur la propagation- ce qui est pourtant probablement un facteur essentiel pour comprendre les différences entre les pays, sans doute même plus que le taux de vaccination.
Merci je ne l'avais pas trouvé. Donc selon cette étude le variant Delta double les risques d'hospitalisation par rapport au variant Alpha. Le Delta se propage non seulement plus vite mais est également plus agressif....Salut,
voici le lien vers l'article du Lancet : https://www.thelancet.com/journals/l...475-8/fulltext
Oui pour des régions avec des taux de vaccination similaires il est évident que le comportement influe énormément sur la contagion et on n'aurait pas amélioré la situation avec des confinements si ce n'était pas le cas.
Ce que je trouve intéressant c'est que l'on est visiblement en train de sortir de la 4 ème vague avec le vaccin comme seule stratégie (pas de contraintes d'isolement supplémentaires).
FabiFlam
Dernière modification par FabiFlam ; 29/08/2021 à 08h30.
Et les masques, et le pass sanitaire, etc.
\o\ \o\ Dunning-Kruger encore vainqueur ! /o/ /o/
Les masques on les avait déjà, et pour moi le pass sanitaire n'est qu'une stratégie adossée à la vaccination (pour l'accélérer)
Il y a les 2. Mais c'est assez simple : sans masque, sans pass sanitaire, sans immunité acquise, juste avec une population vaccinée à 100%, le R0 du delta est de 3.
Dernière modification par obi76 ; 29/08/2021 à 09h09.
\o\ \o\ Dunning-Kruger encore vainqueur ! /o/ /o/
C'est le rôle principal du pass sanitaire, mais il a probablement eu un effet sur les contaminations entre jeunes : en France métropolitaine le nombre d'admissions à l'hôpital de 20-29 ans a commencé à baisser début août, une douzaine de jours après son instauration dans les boîtes de nuit, etc., alors qu'il continuait à augmenter légèrement chez les 30-39 et 40-49 ans, dont le taux de vaccination progressait pourtant à peu près au même rythme.
Même constat en faisant le rapport entre le nombre d'admissions et l'effectif de non-vaccinés par tranche d'âge, histoire d'essayer de décorréler l'effet de la vaccination et celui des autres mesures : début août ce rapport s'était déjà stabilisé chez les 20-29 ans, alors qu'il continuait d'augmenter dans les autres tranches d'âge, augmentation qui n'a cessé que vers la mi-août chez les 30-39 et 40-49 ans (là aussi on peut être tenté d'y voir un effet de l'extension du pass sanitaire à d'autre lieux).
oui je pense que le pass sanitaire a eu un effet, d'abord de sensibilisation (ça compte), et ensuite mécaniquement en diminuant fortement le nombre de gens non vaccinés dans les lieux contaminants. Même si on le critique en disant qu'il n'empêche pas la contamination entre vaccinés porteurs et non vaccinés contaminables, on évite au moins les non vaccinés porteurs !
ben non, pas de lapsus, si tu es non vacciné et porteur de virus a priori tu n'obtiens pas ton pass sanitaire !
Juste en passant, un papier assez stylé sur l'efficacité du contact tracing (publié en Mai), qui utilise un bug partiel de l'outil de contact tracing anglais courant 2020. Ils estiment que le contact tracing anglais réduisait de deux tiers le risque de contagion / hospi / décès, loin d'être dégueux !
Parlant de dynamique de l'épidémie : que se passe-t-il en Israël ?
Il a déjà été mentionné l’homogénéité de la population, l'ancienneté de la vaccination mais là je trouve que cela n'explique pas tout :
A ma connaissance, en parallèle de la 3ème dose Israël a lancé un grosse campagne de dépistage.
Rapportée aux populations, la flambée se fait chez les non vaccinés (cf dashboard de leur ministère de la santé) :
PCR+ :
Covid graves :
Merci. C'est donc ce qui expliquerait cette montée vertigineuse des cas confirmés....
Pour comparer le nombre de cas confirmés d'un pays à l'autre, il faudrait pour cela que la politique de test soit rigoureusement identique. Par exemple, un pays qui teste systématiquement les cas contacts même asymptomatiques aura forcément une statistique plus élevée que le pays qui ne teste que les cas symptomatiques. Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres, mais de nombreux biais peuvent exister, rendant toute comparaison caduque.
Les météorites ne peuvent exister car il n'y a pas de pierres dans le ciel. Lavoisier.
Oui. D'autant plus que le taux de vaccination est certainement loin d'être homogène sur l'ensemble des groupes sociaux. Les membres de certaines communautés religieuses sont réticents à se faire vacciner et vivent quasiment en vase clos dans des villes ou des quartiers souvent surpeuplés où ils sont hégémoniques.
Il est donc probable que dans ces quartiers on assiste à une épidémie de non-vaccinés : quand deux-tiers de la population sont vaccinés à l'échelle du pays on pourrait s'attendre à ce qu'en moyenne seulement un tiers des contacts d'une personne infectée soient des non-vaccinés, ce qui réduirait d'autant la probabilité de transmettre le virus ; mais en l'occurrence dans ces quartiers c'est certainement faux. De plus les mesures barrière y sont également moins respectées. Cf. par exemple https://en.wikipedia.org/wiki/COVID-...and_compliance
Pour confirmer ça il faudrait disposer de données par (petites) entités géographiques et connaître la composition sociale de leur population. Mais ce n'est pas simple de trouver ça sur les sites officiels israéliens quand on ne lit pas l'hébreu...
Autre explication : Israël a entrepris une campagne de tests massive préalable à la réouverture des écoles.
(source)The new record appeared to be the product of the worsening outbreak combined with more tests being conducted this month than in the past, when the rate of positive results was at times significantly higher than it is now.
Additionally, more of those diagnosed with the coronavirus are children — thanks to a mass effort to test them ahead of the new school year, which starts Wednesday — meaning a significant portion of the new cases are among those who are at a lesser risk of serious illness and cannot yet be vaccinated.
The positivity rate among those tested remained over 7 percent for the third consecutive day, as 10,947 of the 137,410 tests carried out on Monday came back positive. Until now, the highest one-day total of new cases was set in mid-January, with 10,118 positive tests in one day; at the time, the number of daily tests was lower, and the positivity rate was around 10%.
(...)
According to the Ynet news site, 33% of those who tested positive on Monday were under age 11 and 15% were aged 12-18, while just 4% were over 60.
N'oublions pas en Israël la frange des extrémistes orthodoxes totalement opposés à la vaccination.
Comme ils vivent entre eux, il serait bon de savoir a quel point leur communauté a une part de responsabilité dans la flambée actuelle.
Et puis n'oublions pas non plus que la vaccination plafonne depuis un certain temps en Israël, et que la France a désormais dépassé ce pays en pourcentage de vaccination du total de la population.
edit : yves en parle aussi...
re edit : Nous aussi on a nos extrémistes, les antivax, même s'ils sont beaucoup moins nombreux en pourcentage...
Dernière modification par Anathorn ; 31/08/2021 à 17h32.
Dans les 16% quand même chez nous :
https://www.lesechos.fr/economie-fra...accins-1334302
Il y a un article intéressant ici même si surtout d'un point de vue australien : https://theconversation.com/les-cas-...-penser-166686
Par exemple, le fait qu'en Israel les populations les plus vulnérables souvent avec un système immunitaire faible aient été vaccinées il y a déjà pas mal de temps a aussi un impact.
Curieusement, le démarrage rapide de leur campagne de vaccination ne jouerait pas en leur faveur. Après, il y a bien sur le variant Delta.
L'information sur les unités de soin pédiatriques pleines au Texas est également intéressante (notamment parce qu'on entend encore des gens croient que le Covid ne touche que les vieux et les obèses).
On les comptera a la fin de l'année.Envoyé par GBoDans les 16% quand même chez nous :
Aujourd'hui, on a plus que 16.3% de non vaccinés (83.7% de primovaccinés dans la population éligible de + de 12 ans source covidtracker)
Donc ces 16% risquent d'être beaucoup moins que 16% d'ici peu.
Il y a une différence entre dire a un sondeur "je ne veux pas du vaccin" et être ensuite capable d'assumer les contraintes qui vont avec.
Le noyau dur, les extrémistes idéologues politisés, c'est moins de 10%.
On fera les comptes début 2022.