Bonjour,
Il y a une bonne dizaine d'années, Jacques Blamont (physicien, membre de l'Académie des Sciences et très impliqué dans la conquête spatiale) écrivait que la conquête de Mars "était inscrite dans les gênes de l'homme".Envoyé par Sol-0
Ce n'est pas un ignorant, et il s'est passionné pour ce sujet.
Il semble être très largement revenu sur tout cela (Introduction au siècle des menaces) pour un certain nombre de raisons.
Comme toi, Sol-0, il aurait pu affirmer un "toujours" de principe et s'y tenir, mais il a vécu, vu, pensé et son point de vue a évolué, changé.
L'humanité a le choix entre poursuivre ses "grands rêves" en tentant de les matérialiser et les considérer comme ce qu'ils sont : des rêves.
Pour ma part à 12 - 13 ans je lisais "Science et Avenir" puis un peu plus tard "Atomes", qui est devenu "La Recherche", avec de fréquentes incursions dans "Science et Vie" dont mes parents avaient par ailleurs une vieille collection des années 40.
C'était il y a ... quelques temps, et la conquête spatiale me passionnait aussi, tout comme la physique fondamentale.
J'ai aussi lu pas mal d'écrits sur l'éthnologie, etc..., et je ne suis pas certain que la conquête spatiale ait vraiment été le rêve de TOUS les humains depuis que l'humanité existe, mais il ne coûte rien de l'affirmer, et on l'a affirmé sans retenue à une époque où l'on croyait que c'était à notre portée (ou que ça le serait bientôt).
Puis on s'aperçoit petit à petit que "le progrès" n'apporte pas l'essentiel, que bien d'autres sujets méritent de l'attention et sont, en fait, plus intéressants ou plus importants pour notre vie d'humains.
Et que certains rêves doivent être mis à leur place et y rester, car les matérialiser n'est vraiment pas ce qu'il y a de plus urgent.
On change, Sol-0, tu changeras peut-être aussi.
Mais à l'heure où il semble que la fonte de l'Arctique ait atteint pour longtemps un point de non retour (ce qui est gravissime du point de vue des changements climatiques et de leurs conséquences) il me semble tout à fait prioritaire de tenter de nous sortir d'un mauvais pas qui risque de nous coûter fort cher, et ce n'est pas par l'exil sur une planète d'accueil que nous pourrons le faire.
Aucune fuite possible pour les 6-7 milliards
que nous sommes, et cette fuite aurait été le seul véritable intérêt de la conquête spatiale du point de vue de la survie de l'humanité.
Dans ces conditions consacrer crédits et énergie à la poursuite de ce rêve que nous savons inaccessible pour encore très longtemps relève d'un gaspillage inacceptable.
Car on a parlé d'un réchauffement climatique d'origine anthropique de quelques degrés pour le fin du siècle, et ce qui est nouveau en 2005 est que ce réchauffement pourrait être bien plus important sous l'effet de différents phénomènes qui, s'ils s'établissent vraiment, ne pourront pas être contrôlés.
Or l'extinction du précambrien (95% des espèces) est due à un réchauffement d'une dizaine de degrés.
Cela signifie qu'il y a de sérieuses probabilités pour que nous soyons tous morts avant même qu'un humain soit allé jusqu'à Mars.
Morts et pas tous enterrés : mais nos rêves le seront...
L'urgence est donc de tenter d'éviter un trop fort réchauffement.
Tenter.
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