Ce mot de "vérité", il me semble, pose des problèmes par sa définition très variable d'un point de vue à l'autre.
Déjà, dans la société, il y a la vérité scientifique, la vérité historique, la vérité juridique, la vérité religieuse, ou plutôt les vérités religieuses puisqu'il y en a autant que de religions.
Bien sûr c'est en contradiction même avec le sens du mot, puisque par définition, il ne peut en exister qu'une : ce qui n'est pas vrai est faux !
Dans ce que vous avez pu dire, on est dans l'ensemble d'accord que ce qui approche le mieux la vérité est la vérité scientifique. Parfois religieuse, mais là, pour un forum scientifique, j'en ai perdu mes cheveux !
Ensuite, le mot peut s'appliquer à beaucoup de choses, et l'approche généraliste brouille un peu les cartes.
On peut parler d'évènement, de faits, de comportements, de théories... et même d'un mélange de tout cela.
D'où peut-être l'usage des mots d'objectivité, d'inter-subjectivité pour être plus précis. Ce sont des notions implicites à la démarche scientifique.
Enfin, pour le mot science, il y a aussi une distinction à faire, entre le domaine de la recherche active et de l'inconnu, pour lesquels nous n'avons pas une vision aboutie, du domaine scientifique maitrisé, sur lequel il n'y a plus de doutes. Il y a un exemple plus bas pour justifier qu'il y a bien des domaines scientifiques aboutis, car j'ai bien noté dans les discussions que pour beaucoup le doute était omniprésent.
Sur un plan plus concret, moins philosophique, je pense que la science a dernièrement permis à l'homme de faire un pas de plus vers la vérité, ou bien un pas de moins vers l'obscurantisme !
C'est au niveau du système judiciaire et de la création de la police scientifique.
D'une part, le relevé des faits, des évènements se fait avec bien plus de rigueur, de nouveaux moyens de mesure - dont l'ADN, les empreintes digitales, ... - permettent d'être bien plus confiants sur la véracité de ce qui a été constaté. Ils donnent parfois un taux chiffré de confiance, ce qui a eu un effet déterminant pour être mieux pris en compte par ceux qui jugent (jurés inclus).
D'autre part, au moment du jugement, cette prise de confiance envers la science permet de sortir petit à petit de la doctrine du témoignage, de laquelle nous ne sommes pas encore totalement sorti, tant il est rassurant, pour celui qui juge, d'avoir un aveu, ou des personnes qui disent avoir vu !
Car pour le témoignage, si un taux de confiance devait lui être donné, celui-ci serait probablement plus près des 50% (=random) que des 100% !
Qu'à fait la science pour cela ?
Elle a pu établir des moyens de relevé et de mesure, et une méthodologie qui complètent et dépassent peu à peu la confiance accordée aux témoignages. Il s'agit d'un champ d'application de la science qui est maitrisé, sur lequel nous n'avons plus de doute et nous ne reviendrons plus. En effet, je ne vois pas comment, à l'avenir, on pourrait remettre la pertinence des empreintes digitales ou comparaisons ADN en doute. Cela ne concerne pas le domaine de la recherche active, sur laquelle nous n'avons pas ces certitudes.
Ici, la science permet de faire moins d'erreurs.
Alors si la science peut venir en aide pour la "vérité" juridique, est-ce qu'elle ne le pourrait pas dans d'autres domaines ?
Est-ce que les scientifiques ne pourraient pas éviter des erreurs lorsque l'on vote des budgets par exemple ? Je pense bien sûr au domaine politique dans lequel non seulement la recherche d'objectivité n'est que très secondaire, mais surtout que des intérêts individuels influent sur les prises de décision. Car s'il y a un domaine où l'erreur est quasiment omniprésente, c'est bien la politique. Quel est le taux des budgets respectés, et d'assiette non négative ?
Je verrais bien une commission scientifique là-dessus.
Ceci pour dire que la science peut nous aider sur un plan épistémologique, par la recherche active, mais aussi sur un plan plus concret, de tous les jours, sur le plan de la connaissance acquise.
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