bonjour,
je suis en partie non-négligeable d'accord avec ce que tu dis. Par exemple, sur ce qui suit, j'adhère à 100%
perso, je bosse en recherche fondamentale, comme beaucoup de jeunes chercheurs avec uniquement un CDD, mais si un jour je devais laisser tomber, je ne me verrais pas un seul instant partir vers une grande entreprise avec CE. Je préfère de très loin faire un truc où tout reste à écrire (c'est justement une des choses qui attire dans la recherche normalement) et c'est pour ça que j'ai déjà divers projets en tête (donc beaucoup liés à la recherche fondamentale quand même ) mais strictement aucun qui soit lié avec une grande entreprise.Envoyé par Lambda0
Toutefois, je suis peut-être un peu moins en accord avec toi sur certains points. Par exemple, quand tu dis
ou bien encorePour en revenir à l'objet de la discussion, les scientifiques ont tout à fait leur place, pour peu qu'ils acceptent de remettre en question certains schémas de pensée, et on ne peut pas tout mettre sur le compte de l'enseignement, de la conjoncture économique, de la mondialisation, des patrons, etc.
mes raisons de désaccord sont :Tout est dans le "packaging", et il n'y a pas de raison fondamentale qu'un chercheur ait plus de mal que les autres, pour peu qu'il accepte d'être polyvalent. C'est souvent là que ça bloque.
L'hyperspécialisation peut être acceptable dans une grande organisation où la division du travail est suffisamment poussée, mais ça n'a pas de sens dans une PME. Concrêtement, ça veut dire par exemple qu'un thésard en physique ne peut pas demander à ne faire que de la physique 100% de son temps. Par exemple, il doit pouvoir passer 15% de son temps à faire de la programmation pour tester ses équations, 10% à encadrer un ou deux stagiaires, 5% du temps à aller chez les clients, etc.
- que même un chercheur au cnrs (ou dans tout autre organisme publique et/ou de recherche fondamentale) ne passe pas 100% de son temps à faire de la physique. Encadrer des stagiaires, développer du code, régler des trucs administratifs représentent au contraire une très très grande partie (pour ce qui est de programmer, pour certains c'est même plus de la moitié du temps). Donc je trouve que tu fais un peu un faux procès aux chercheurs par ce que tu dis, car ce que tu décris est plus une attitude de certaines personnes indépendamment de leur éventuel statut de "chercheurs"
- en revanche, je peux très facilement comprendre que des gens qui souhaitaient faire de la recherche fondamentale (je veux dire non-appliquée) rechignent à aller bosser comme chercheurs dans des PME ou même dans le privé tout court. Les conditions et le boulot n'ont strictement rien à voir. En ce sens, je pense qu'il y a trop de chercheurs formés (=diplômés) par rapport aux postes créés par le gouvernement et que les étudiants ne sont pas toujours bien informés. Je veux dire par là que la plupart des gens qui se lancent dans des études pour aller jusqu'en thèse souhaitent plus partir dans la recherche fondamentale que la recherche appliquée. Ainsi, il y a selon moi deux problèmes simultanés : 1) le gouvernement (et pas seulement l'actuel) tue lentement la recherche fondamentale au profit de la recherche appliquée par absence de réflexion à longs termes (pas assez de postes). 2) on pousse les gens à faire de (trop) longues études dont beaucoup n'auraient absolument pas besoin professionnellement (puisqu'il est utopique de fournir un poste à chaque personne qui finit une thèse "non-appliquée")
je vais être un peu dur dans mes propos, mais j'ai vu des gens terminer une thèse et n'avoir un niveau que je ne qualifierai pas de très supérieur à celui d'une maîtrise ou même parfois d'une licence. Ces gens n'ont évidemment quasiment aucune chance d'obtenir un poste au cnrs par la suite, mais le fait est là : de nombreuses personnes peuvent obtenir un peu n'importe quel diplôme à l'usure (et ce n'est pas un problème propre aux facs, les grandes écoles n'y échappent pas).
D'ailleurs, ce problème précis n'est pas uniquement français et ayant des universités qui sont (pour le moment) surtout financées par l'état, nous échappons encore au pire... par exemple, un prof d'une université anglaise bien côtée m'expliquait y'a pas très longtemps que puisque les facs sont financées en partie par le privée, elles se doivent d'avoir des niveaux de réussite assez élevées (être associée à une fac de haut niveau c'est une bonne pub pour une boîte privée), ce qui signifie concrètement que les étudiants sont régulièrement surnotés... évidemment, cela ne concerne pas tous les étudiants. Mais c'est un problème croissant apparemment. Et je ne parle même pas de la situation aux états-unis.
c'est un peu le modèle de société qu'on nous vend, non? (je ne dis pas que je l'approuve!) il est très franco-français (en tous cas d'après ce que j'en ai vu) de voir la "vie professionnelle" un peu comme ça "je fais telles études, j'aurai tel diplôme, donc je ferai tel boulot puis je serai à la retraite".Bon, maintenant, si on cherche juste un petit boulot pépère pour se caser, c'est bien triste.
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