Bonjour,
Je cherche à vérifier formellement la loi d'attraction de Newton. Mon idée est d'étudier le cas élémentaire de deux corps totalement isolés, dans le vide, et dans un référentiel d'inertie (pas de rotation notamment).
Bien sûr ce cas d'école est idéalisé puisqu'il est impossible d'isoler parfaitement deux corps dans l'univers. Néanmoins deux objets en orbite autour de la Terre (référentiel dans lequel la somme des forces est nulle, provoquant l'apesanteur) dont l'attitude reste fixe (référentiel d'inertie), très loin de tout autre satellite (autres interactions gravitationnelles négligeables) sont en première approximation dans la situation recherchée. Il doit donc être possible de vérifier la loi d'attraction de Newton en mesurant comment deux objets en orbite s'influencent, par exemple deux vaisseaux spatiaux lors d'un rendez-vous.
Je vous propose, ci-dessous, d'étudier ce problème. Après une analyse théorique qui me permet de définir l'équation des trajectoires, je présente quelques applications numériques, dont le cas d'un rendez-vous ATV-ISS. Le problème est que l'expérience ne semble pas corroborer la théorie dans ce dernier cas. J'aimerais donc savoir ce que vous en pensez.
Aspect Théorique
Faisons l'expérience de pensée de deux corps de masses et , de rayon vecteur et par rapport au centre d'inertie du système, fixes l'un par rapport à l'autre, et très éloignés de toute autre masse. On impose au référentiel du système d'être d'inertie, c'est à dire qu'il n'est notamment pas en rotation. La seule force non négligeable existant alors dans ce système sera la force d'attraction de Newton entre les deux corps.
A cause de cette force chaque corps est accéléré vers l'autre selon les formules suivantes :
et (1)
où G est la constante de la gravitation et .
Au lieu de nous référer au centre d'inertie du système à deux corps, choisissons plutôt de placer au centre du repère de référence. La valeur absolue de l'accélération du corps dans ce repère est l'addition des valeurs absolues des deux accélérations précédentes. Puisque et sont colinéaires, elle vaut :
(2)
Nous obtenons donc l'équation différentielle à résoudre pour déterminer la trajectoire du corps par rapport au corps considéré fixe :
(3)
Sa solution analytique est connue :
ou encore avec (4)
C'est l'équation de la trajectoire recherchée.
Applications numériquesBien sûr cette dernière application numérique n'est qu'approximative, notamment parce que je confond l'ISS et l'ATV avec leurs centres d'inertie, ce qui n'est pas strictement vrai, mais l'ordre de grandeur est réaliste : l'ATV devrait progresser spontanément de plusieurs dizaines de centimètres en 5 minutes, s'il est stoppé au point S41.
- Posons , alors , si alors mettra pour atteindre .
- Posons , alors , si alors mettra pour atteindre .
- Posons , alors , si alors mettra pour atteindre .
- Cas du rendez-vous ATV-ISS*: l'ISS pèse environ 400 tonnes et l'ATV environ 6 tonnes, dès lors la constante k vaut . Selon la configuration de la station on peut estimer que le point d'amarrage de l'ATV se situe à 20 m environ du centre d'inertie de l'ISS. Pendant son approche, l'ATV est stoppé et maintenu fixe par rapport à l'ISS à plusieurs reprises (voir http://www.cnes.fr/web/CNES-fr/11394...ve-docking.php), et notamment au point S41 situé à 11m du point d'amarrage, soit environ 31m du centre d'inertie de l'ISS. L'ATV est maintenu en S41 pendant 5 minutes. Selon l'équation (4), à la distance la variable temps vaut . En ôtant 5 minutes à ce temps on obtient la distance. Ainsi l'ATV, laissé fixe puis libre, au point S41 progressera de façon spontanée vers l'ISS de 40 cm environ en 5 minutes.
Grain de sable
Les calculs précédents montrent donc que pour maintenir l'ATV fixe au point S41, il faut appliquer une légère rétro-poussée, sinon il progressera spontanément vers l'ISS.
J'ai donc demandé au CNES s'ils devaient appliquer une telle rétro-poussée. La réponse de la Direction de la Communication Externe de l'Education et des Affaires Publiques du Centre National d'Etudes Spatiales fut : "Non, l’ATV n’est pas attiré par l’ISS. Lorsqu’il est à un point d’arrêt, il contrôle son attitude mais il ne se rapproche pas spontanément de la station ; il faut réactiver sa propulsion pour qu’il se remette en marche vers la station après sa période d’attente."
Conclusion et question
Si mon calcul est correct l'ATV devrait appliquer une rétro-poussée pour rester fixe à proximité de l'ISS. Si cela n'est pas nécessaire, comme l'indique le CNES, alors il y a un problème avec la loi d'attraction de Newton.
Si mon calcul est faux, je vous serais reconnaissant de m'indiquer le calcul correct à apliquer, calcul qui démontrerait que, malgré l'attraction de Newton, l'ATV reste fixe au point S41.
En espérant vous lire,
Cordialement
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