Salut,
Déjà, il faut apprendre à lire les données. Il n'y a pas "presque 300 morts", mais un peu plus de 200 en moyenne sur la semaine (le nombre de décès déclarés les lundi et mardi est systématiquement plus élevé, à cause du rattrapage des sous-déclarations des samedi et surtout des dimanches; tu ne crois quand-même pas que le nombre réel de décès a été multiplié par 3 entre dimanche et lundi ?).
Ensuite, les morts des derniers jours sont majoritairement des infectés de fin décembre / début janvier, époque à laquelle l'incidence de Delta n'avait que très peu baissé (environ -10% par rapport au plateau de mi-décembre). On peut donc estimer qu'actuellement le nombre de décès causés par Delta est environ 10% plus faible qu'il y a deux semaines, époque à laquelle Delta était encore responsable de la quasi-totalité des décès puisqu'ils concernaient des infectés de mi-décembre, quand Omicron représentait moins de 10% des cas.
Dans la dernière semaine de décembre le nombre moyen de décès était d'environ 170 par jour. Moins 10%, ça donne 153 décès par jour dus à Delta actuellement. Omicron est donc actuellement responsable d'environ 50 décès par jour, 3 fois moins que Delta, concernant des personnes infectées fin décembre, quand Omicron représentait environ 70% des cas. Donc la létalité d'Omicron est environ 7 fois plus faible que celle de Delta.
Cela commence d'ailleurs à se voir sur le graphique du "case fatality rate" (le rapport décès / cas confirmés). Celui-ci avait baissé progressivement depuis début octobre (effet du rappel vaccinal, dans une période où ceux qui n'y étaient pas encore éligibles avaient majoritairement reçu leur deuxième dose depuis moins de 3 mois), et s'était stabilisé à ~0,33% dans la 2e quinzaine de décembre (décès dus à Delta, comme expliqué ci-dessus). Depuis, il est tombé brutalement à moins de 0,15%, malgré le fait que Delta est encore responsable de la majorité des décès.
Une partie de cette baisse est imputable à l'augmentation du nombre de vaccinés avec rappel, mais la rapidité de la baisse ne s'explique que par la bien plus faible létalité d'Omicron.
En parallèle, l'incidence de Delta a enfin commencé à baisser significativement (probablement de plus de 20% en une semaine). Cette tendance devrait s'accélérer car elle est due au nombre croissant de gens infectés par Omicron, en particulier ceux qui étaient encore susceptibles d'être infectés par Delta (les non-vaccinés immunitairement naïfs et la minorité de vaccinés "anciens" sans rappel) et qui sont maintenant mieux immunisés. On a probablement atteint l'immunité collective contre Delta (en attendant celle contre Omicron) et le nombre de cas de Delta va baisser plus vite que s'il était seul à circuler.
En parallèle, au moins 20 millions de personnes (40% de la population) auront probablement été infectées par Omicron entre début novembre et fin janvier, s'ajoutant aux (rares) vaccinés récents et aux vaccinés avec rappel (40% aujourd'hui, probablement plus de 50% fin janvier), et on aura aussi dépassé le seuil d'immunité collective contre Omicron.
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