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Le projet que je vais entamer aujourd'hui a sans doute un peu de quoi surprendre: il y a peu de sujets aussi "bateau", aussi éculés (attention, pas de "n") que les amplis audio, à part peut-être les alimentations.
Il doit littéralement y en avoir des millions qui traînent sur le net, et pourtant, il semble qu'il n'y en ait jamais assez: ces topics suscitent toujours autant d'intérêt, autant d'appétit.
Je vais donc essayer d'exaucer les voeux de nombreux forumeurs comme BastienBastien:
- Comme vous le subodorez, cet ampli va se démarquer très largement de tout ce qui existe: je n'ai pas pour habitude de proposer des projets "de schémathèque", et cet amplificateur ne sera pas une exception: c'est bien d'un véritable OVNI audio qu'il s'agit.
Quelles sont les particularités du Circlophone©?
Son architecture est inclassable selon les critères topologiques classiques: -étage d'entrée-VAS-driver-étage de puissance-.
Ici, la seule chose définitivement reconnaissable est l'étage d'entrée. Si l'on va plus loin, tout se mélange, tout se fond, et le composite qui commence au déphaseur et se termine aux transistors de sortie forme un tout, avec les gains en tension et en courant distribués sur l'ensemble.
Parallèlement, se profile un "processeur de bias", qui se rajoute en filigrane sur la topologie de base: fondamentalement, ces deux parties de circuit s'ignorent, travaillent indépendamment, et emploient des chemins différents.
Mais l'influence indirecte de la voie "bias" se fait sentir sur le traitement signal, à la manière de la voie de pompage d'un ampli paramétrique.
La combinaison de ces deux éléments donne un ampli totalement atypique, avec des caractéristiques inhabituelles et hautement désirables: la linéarité (distorsion) est environ 10x meilleure qu'une topologie classique mettant en oeuvre les mêmes moyens (réduits), mais ce qui est plus important, c'est l'élimination de toute distorsion de croisement, l'asservissement du courant de repos sans réglage ni appariement ou compensation thermique, et un fonctionnement équivalent à la classe A sur le plan de la qualité.
D'autre part, il est peu exigeant: non seulement il est "device-independent", c'est à dire qu'il accepte indifférement tous types de transistors, mais ce qui est plus rare, c'est qu'il est aussi "topology-independent" au niveau des transistors de sortie.
Ici, il est présenté avec des paires CFP, de manière à n'employer que des NPN en puissance, et à perdre une tension minimale, mais on pourrait aussi bien lui greffer des darlingtons, ou même panacher, façon "quasi".
A part les limites d'écrêtages, aucune caractéristique ne se verrait modifiée.
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- En audio, l'asservissement du courant de repos est une sorte de monstre du Loch Ness, ou de sacré Graal, selon le point de vue. C'est l'idéal à atteindre, mais en même temps, c'est aussi élusif que ce bon "Nessie".
Ce ne sont pas les tentatives qui ont manqué: il y a fondamentalement deux écoles: les adeptes du "temps réel", et les partisans de la méthode échantillonnée.
En temps réel, la boucle de régulation du courant travaille à la même vitesse que le signal audio. C'est donc une technique puissante, et même probablement un peu trop: la boucle a le pouvoir d'influer sur le signal utile, et elle ne s'en prive pas. Pour le pire.
Pratiquement tous les systèmes de ce genre, même s'ils arrivent à leur but premier, ajoutent également des artéfacts indésirables au signal noble.
Il y a une exception, cependant, c'est le circuit Renardson, qui parvient effectivement à contrôler la transition et à réduire la distorsion.
Il y parvient en "n'éteignant" jamais un des deux transistors de sortie, qui surveille l'autre pendant sa période théoriquement inactive et le corrige en temps réel.
Certains diront que c'est une "tricherie", le circuit et son fonctionnement étant complètement asymétriques, mais au fond, ce qui importe est le résultat, et il est incontestablement présent.
Dans les circuits échantillonnés, un des plus connus est le Visch.
Ici, un condensateur garde en mémoire la valeur de pilotage de courant de repos, cette valeur étant actualisée quand les circonstances le permettent, càd. vers les passages à 0.
Ce circuit peut fonctionner dans une certaine mesure, et des amplis de production ont été basés dessus, mais il souffre de gros problèmes d'adaptation dynamique.
Il est très difficile d'équilibrer le circuit pour que des variations rapides de volume ne puissent perturber les points de polarisation, et en fonctionnement en "bursts", on peut se retrouver avec un courant de repos de quelques ampères, ou au contraire un écrêtage de quelques millisecondes.
Malgré cela, ce circuit est assez apprécié de certains audiophiles.
Il y a un autre circuit échantillonné qui lui fonctionne bien: c'est le CircloMOS, décrit dans ces colonnes.
Mais là, à nouveau on triche: le circuit d'actualisation travaille pendant toute une demi-période du signal à traiter, plus seulement aux passages à zéro.
La correction est donc beaucoup moins chatouilleuse, et ne "déraille" jamais, même pour les épisodes de signal les plus chahutés.
A suivre.....
Voici déjà le schéma, ainsi que des oscillogrammes: un carré de 10KHz, sur charge infinie ou de, et un triangle de 50KHz, à nouveau dans les mêmes conditions
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