Bonjour
A l'heure où un 3e confinement parait de plus en plus probable face en particulier au nouveau virus, il me semble qu'il faut sérieusement envisager un changement de stratégie pour viser une vraie stratégie d'éradication, et non plus d'étalement. La stratégie d'éradication vise à ramener l'épidémie à ZERO cas et à contenir strictement toute manifestation du virus jusqu'à ce que la vaccination soit suffisamment répandue pour protéger la population.
C'est la stratégie suivie par la Chine et d'autres pays asiatiques. Elle soulève en général la réaction immédiate "mais c'est impossible dans un pays démocratique", "c'est sans espoir", "on n'acceptera jamais les mesures nécessaires", mais je pense que ces arguments sont tout à fait discutables.
D'abord les avantages : la stratégie actuelle du "stop and go" ne vise pas à l'éradication mais à contenir le virus dans des limites gérables par les services de santé. Elle a l'inconvénient de maintenir un couvercle de mesures contraignantes, une situation de stress, de pénaliser les actifs et les étudiants, elle entretient une incertitude continuelle sur le futur, et elle provoque des dégats psychologiques évidents et elle pèse lourdement sur l'économie.
Une stratégie d'éradication accepte des mesures très contraignantes dans une période limitée, mais vise ensuite à reprendre une vie normale, sauf de façon ponctuelle et localisée en cas de résurgence. L'idée est de "taper fort" mais sur une période bien plus limitée.
Pour cela, il n'y a qu'une condition à respecter : maintenir le taux de reproduction à une valeur R inférieur à un seuil Ro plus petit que 1 (par exemple 0,9). Ca ne veut pas nécessairement dire appliquer des mesures à la chinoise. Il est très possible qu'un taux plus petit que 1 puisse etre obtenu sans mesures trop restrictives. Le seul critère est de ne pas laisser R remonter sans réagir, c'est à dire de se baser non pas sur le taux de circulation mais sur le taux de (dé)croissance :une stabilisation doit etre considérée comme inacceptable, il faut décroitre.
On aurait pu appliquer par exemple un confinement strict non pas en novembre mais au mois d'aout à la sortie des vacances, en retardant la rentrée, à un moment où le taux de circulation et le nombre de décès était très faible mais commençait à remonter. L'avantage de confiner au moment où la circulation est très faible (ce qui est contre intuitif dans une stratégie d'étalement) c'est que c'est beaucoup plus rapide d'obtenir un résultat nul, puisqu'on part de moins haut ! Ca peut paraître difficile à expliquer qu'on confine quand le virus circule peu, mais en même temps afficher le but de "zéro malade" est un message clair à faire passer à la population et même "motivant" comme un but collectif à atteindre, plus compréhensible, et donc susceptible d'obtenir l'adhésion collective.
Evidemment on peut craindre des résurgences ne serait ce que parce que le virus continuerait à circuler au niveau mondial, et donc il faudrait une stratégie de "follow up", qui serait un confinement strict de toute une zone où un cas serait détecté (à l'échelle d'une commune ou même d'un quartier suivant le cas) . Ce serait pénible pour la population concernée mais les confinements ne seraient que localisés et sans doute pour une semaine si on réagit assez rapidement (comme une quarantaine).
Le reste de la population continuerait à vivre normalement avec écoles, universités, théâtres, lieux de culture, bars, restaurants complètement ouverts, ce qui serait quand meme une grosse bouffée d'air pour tout le monde. A noter que ce n'est rien d'autre que la "phase 2" de l'épidémie où seuls quelques clusters étaient identifiés et concernés par les mesures, mais où on n'avait pas les moyens de tester assez pour tout contrôler, alors qu'on est bien mieux armés maintenant.
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