Bonjour
tout le monde sait que les accords de Paris ont fixé comme objectif de ne pas dépasser 2°C et "si possible" 1,5°C de réchauffement. Mais les 1,5°C paraissent d'ores et déjà inatteignables, on y est presque.
Notons que physiquement, ils ne sont pas complètement inatteignables, il faudrait juste baisser très rapidement (genre - 10 % par an) nos émissions. Ce n'est pas physiquement impossible (imaginons qu'une guerre mondiale conduise à la destruction de la plupart des gisements de gaz, de pétrole et de charbon, on y serait bien forcés). C'est juste que le coût à payer est jugé bien trop important.
Mais ça introduit donc quelque part une autre notion, celle du prix à payer pour la décarbonation, à mettre en balance avec les coûts du RC, ce qui est dans l'esprit d'une analyse cout-bénéfice. Rationnellement, le meilleur "objectif" devrait être celui qui minimise le coût total, compromis entre les couts du RC et celui de la décarbonation.
Malheureusement il ne semble pas que l'économie soit une science suffisamment précise pour déterminer de manière non ambiguë cet "optimum". Il y a un prix Nobel d'économie, William Nordhaus - qui n'est pas climatosceptique, il reconnait l'existence du RC et a même justement reçu son prix Nobel pour avoir intégré ses couts dans les modèles économiques - , qui a tenté d'appliquer cette méthode pour estimer un RC "optimal", et il a trouvé autour de 4°C, donc bien plus que 2°C.
Du coup maintenant certains disent qu'il a fait n'importe quoi et que sa fonction de dommage était très sous estimée (un exemple de discussion sur cette polémique : https://alaingrandjean.fr/la-chasse-...onde-lui-lest/ ). On parle de points de bascule ( "tipping points" ) qui pourraient augmenter considérablement les coûts, mais là encore il n'y a aucune théorie quantitative précise de ces points de bascule, lesquels devraient arriver, à quelle température et quels seraient leurs effets réels.
Bref la situation est confuse et on ne dispose manifestement pas d'un chiffrage qui fasse consensus, ni sur les couts du RC, ni sur le cout de la décarbonation.
Mais du coup si l'économie n'est pas assez avancée scientifiquement, en l'absence de théorie scientifique bien établie, quelle est la rationalité d'un objectif numériquement fixé à 1,5 ° C (on a vu que ça ne marchait pas) ou à 2°C ?
comment justifier une valeur numérique quelle qu'elle soit, si on ne sait rien calculer précisément à la base ? c'est un peu comme si on disait que la médecine du Moyen Age n'était pas scientifique mais qu'on continuait à appliquer ses prescriptions quand même ....
L'analyse de l'histoire des COP montre effectivement que ces objectifs n'ont pas été fixés par une analyse rationnelle cout-bénéfice, qu'on est bien incapable de mener, mais par des discussions politiques, faites par des gens qui très probablement ne savent même pas ce qu'est un optimum mathématique (des politiques représentant leur gouvernement), et raisonnant "au doigt mouillé" (d'ailleurs + 2°C c'est un chiffre rond en °C mais pas en ° F ....)
Est ce que c'est vraiment étonnant que des "objectifs" fixés avec aussi peu de justification scientifique ne soient pas tenables ?
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