Toute variété végétale nouvelle a un impact sur l’environnement et est susceptible d’avoir un impact sanitaire. Il n’est pas possible de parler de l’intérêt ou de la sécurité des plantes génétiquement modifiées en elles-mêmes, pas plus que de n’importe quel autre type de plante obtenue par sélection génétique conventionnelle. Les nouvelles variétés, génétiquement modifiées ou non, ne peuvent donc être évoquées qu’au cas par cas.
En termes de risque pour la santé humaine et pour l’environnement, les variétés nouvelles, qu’elles soient obtenues par sélection génétique conventionnelle ou par transgénèse, comportent fondamentalement le même niveau de risque, qui est faible dans les deux cas. Une variété de plante résistante à certains insectes et obtenue par sélection conventionnelle présenterait des risques de nature comparable à ceux d’une variété GM ayant les mêmes propriétés. Cependant, en pratique, les règles en vigueur imposent que la seconde soit soumise à des tests beaucoup plus approfondis que la première.
La dissémination d’une plante GM est susceptible de poser des problèmes si l’espèce ou la variété concernée se dissémine naturellement. Le risque est d’autant plus élevé que le gène ajouté à la plante leur confère des avantages sélectifs dans les conditions pratiques d’utilisation. De tels OGM ne sont pas autorisés. Il en est ainsi pour le colza résistant à un herbicide qui n’a pas été approuvé en France par la Commission de Génie Biomoléculaire. La culture de maïs en général et de maïs GM résistant à certains insectes en particulier, ne crée pas de risque particulier de dissémination car le maïs ne se dissémine pas spontanément. Les résultats de multiples expériences sur la distance parcourue par le pollen, ont permis de définir l'éloignement requis entre deux champs de maïs pour rendre possible, en acceptant de faibles taux de présence fortuite, la coexistence entre les divers modes de production. Ces résultats sont en accord avec les pratiques d’isolement déjà anciennes, permettant de produire des semences de haut niveau de pureté variétale.
Le maïs est cultivé et consommé depuis des millénaires. Aucun effet négatif du maïs pour la santé animale et humaine n’a pu être observé malgré les très nombreuses modifications génétiques que représente la sélection des variétés cultivées. Le principe actif insecticide des maïs GM résistant à certains insectes est aussi exploité (par épandage) par l’agriculture conventionnelle, par l’agriculture biologique et en jardinerie depuis des décennies sans qu’aucun effet toxique et/ou allergène n’ait été observé. Les commissions spécialisées dans le monde sont en accord sur ce point. Par ailleurs, il a été démontré que le maïs GM Bt, est moins attaqué par des champignons pathogènes. Il contient de ce fait moins de mycotoxines, substances reconnues comme étant cancérigènes.
Enfin, les effets potentiels sur l’environnement, en particulier sur les insectes non cible ont déjà fait l’objet de nombreuses études. Sans exclure l’utilité d’une biovigilance, ces études indiquent de manière concordante que les maïs Bt ont un impact environnemental plus faible que les traitements insecticides aujourd’hui autorisés.
La cohabitation des cultures de maïs conventionnel, de maïs génétiquement modifié et de maïs produit selon le cahier des charges de l’agriculture biologique est donc possible. Elle est déjà une réalité dans une vingtaine de pays, sans poser de problème particulier.
Une décision de suspension de la culture des maïs GM, qu'elle dise son nom ou qu'elle soit dissimulée derrière des mesures réglementaires discriminatoires - et donc dissuasives - n'aurait aucune justification scientifique car elle ne s'appuierait que sur des incertitudes imaginaires voire mensongères tant sur le plan environnemental qu'alimentaire.
Une telle décision serait donc en contradiction avec le principe de précaution.
Signataires : Michel Naud (= bright44) , président de l'Association française pour l'information scientifique (AFIS) ; Jean-Paul Krivine, rédacteur en chef de Science et pseudo-sciences ; Louis-Marie Houdebine, directeur de recherche INRA ; Marcel Kuntz, directeur de recherche CNRS ; Yvette Dattée, directeur de recherche INRA ; Philippe Joudrier, directeur de recherche INRA ; Pr. Marc Fellous, Université Paris VII
-----