Dans le fil " Est-il pertinent de créer des structures comme l'Association Française Transhumaniste ?", j'ai indiqué que je répondrai sur un fil séparé aux questions posées notamment par amourabi.
amourabi
Et, secondairement par mh34Quelle est l'intérêt d'assurer sa propre perpétuation, si jusqu'à présent notre intervention sur cette planète n'a amené que la mort et la destruction de nos semblables et de notre environnement ?
Est-il envisageable d'envisager une modification de nos comportements à l'avenir ?
Quand à la pérénnisation de notre conscience, il s'agit d'une question irrésolue à ce jour, l'immense majorité des humains l'assimilent à un appendice de notre corps dans lequel elle se manifeste arrivé à un certain niveau de complexité de la vie.
Or ce fameux niveau de complexité est atteint par les dauphins et les baleines qui ont un language encore plus complexe que le nôtre avec un cerveau encore plus gros. Que je sache, ils ne l'utilisent pas pour s'entretuer à longueur d'année.
Améliorer l'humain, oui, mais quel humain ?
Qoique que vous fassiez et disiez, vous ne pourrez pas échapper à l'obligation de définir ce qu'est l'humain et son éventuelle conscience. Je ne suis pas, et de loin, contre l'idée de l'améliorer, mais si c'est pour perpétuer sa rage de détruire, ça n'a absolument aucun intérêt pour l'univers.
Améliorer le corps n'est qu'un problème technique que de nombreuses évolutions du même ordre peuvent nous laisser espérer. Par contre améliorer " la conscience " est un problème autrement plus complexe et je doute fort qu'une technique quelconque puisse y parvenir. Car vouloir à tout prix nier la spécificité de la conscience pour y substituer un mécanisme lié à la vie n'augure rien de bon de quelque amélioration que l'on pourrait y apporter.
Il s'agit probablement d'une réflexion désabusée, mais 15 000 ans d'histoire ne nous laissent guère d'illusion sur cette fameuse conscience.
Il serait peut-être temps d'envisager celle-ci sous un angle non technique, car je persiste à penser que réduire l'humain à des réactions chimiques constituant une fin en soi, est une voie sans issue.
Mh34
Nous y voilà.Que peut-on considérer comme une amélioration ?
- Qui suis-je ?
Bonne blague ! Voilà une question qui me semble sous entendre un certain nihilisme, car quelle est l'alternative ?Quelle est l'intérêt d'assurer sa propre perpétuation ?
Mais, plus sérieusement, ce qui me dérange dans la formulation de cette question, c'est qu'elle n'explicite pas ce qu'est "l'intérêt". Elle me donne le sentiment que, amourabi, vous sous entendez l'existence d'un intérêt supérieur, transcendant. Me trompe-je ?
Or, pour ma part, et en complète contradiction avec votre dernière assertion,
"L'intérêt" est indissociable de la "nature" de l'être dont nous parlons.je persiste à penser que réduire l'humain à des réactions chimiques constituant une fin en soi, est une voie sans issue.
Il est clair que l'ensemble de ma réflexion provient d'une approche qui se veut rationaliste et matérialiste. Je choisis au point de départ de faire confiance en ma raison. A l'injonction "Connais-toi toi même!", à la question "Qui suis-je ?", je réponds : je suis matière, réactions chimiques.
Je précise, en bon agnostique, que je me dis même, si je suis autre chose que matière, rien de raisonnable ne me permet, à ce jour, de me le prouver.
- Que dois-je faire ?
C'est la connaissance de ma "nature" matérielle qui me permets de me proposer une réponse satisfaisante à la question éthique.
Si une connaissance rationnellement établie me dit que mon fonctionnement est celui d'un être vivant (c'est à dire qui, soumis à des forces qui peuvent le détruire, cherche, par duplications et mutations, à survivre et à transmettre l'information dont il est porteur), alors je me dis que l'humain ne peut s'accomplir qu'en suivant ce programme : "Deviens ce que tu es !" Ou encore, "Persévère dans ton être".
L''humain est bien un fin en soi. Cette idée est au cœur de la pensée humaniste et, je crois, de la pensée transhumaniste.
Je dirais, pour allonger ma collection de paraphrases, "le Transhumanisme est un humanisme".
- "La mort et la destruction"
Honnêtement, je vous le dis, mon cher amourabi, il me porte quelque peine de répondre à une telle affirmation tellement celle-ci témoigne de désabusement.jusqu'à présent notre intervention sur cette planète n'a amené que la mort et la destruction de nos semblables et de notre environnement ?
Néanmoins, une fois de plus, ce qui me gène le plus, c'est le sous entendu moral. Car, sous votre "plume", cette intervention mortifère et destructrice de l'homme paraît forcément "mauvaise". Ne pouvez-vous pas essayer de la voir avec un peu plus de neutralité ?
Et puis vous exagérez un tantinet ce me semble.
<< que la mort et la destruction de nos semblables>>
Mais à ce compte, resterait-il encore un humain sur la planète ? Au diable les civilisations ! Rien de bon, Mort et Destruction !
Allons. Formellement, il n'est pas difficile de vous répondre que nous courrons à notre septième milliard d'être humain, avec en prévision d'en être 11 ou 12 après demain (attention au reflux après après-demain). Pour l'instant, la mort n'a pas emporté la partie.
Vous voudriez me dire que, moralement, qu'importe que vivent des humains de plus en plus nombreux – et de plus en plus longtemps, si c'est pour perpétuer les instincts de mort et de destruction qu'ils portent en eux ?
Deux réponses à cela :
- D'une part, nous ne savons pas ce que le progrès des sciences, notamment cognitives, nous apportera dans ce domaine. Certes, la structure du cerveau humain semble en effet la même depuis au moins 15.000 ans. Nous sommes, tels qu'aujourd'hui, bâtis, sélectionnés pour survivre dans les conditions où vivait Cro-magnon (un peu d'agressivité n'était pas inutile). Qu'en sera-t-il dans mille, deux mille, ou dix mille ans ? (ou dans cinquante ?)
- D'autre part – comment-vous dire ?, il semble que, si vous cherchez un peu de sérénité, vous ne pouvez qu'aimer l'humain tel qu'il est. Etre vivant, il est soumis à l'angoisse de la mort. Face à un Univers infini et inconnu, souvent dangereux, lui, ce fétu, n'aura-t-il pas toujours besoin d'un minimum d'agressivité ?
Alors, oui, il véhiculera peut-être toujours une part de ses instincts de mort et de destruction, mais il s'agit peut-être d'une part justement nécessaire à sa survie et à sa perpétuation …
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